Le conflit du Sahara occidental ne peut qu'empreindre les travaux de la réunion extraordinaire du comité de suivi de l'Union du Maghreb arabe. Ces travaux, qui ont débuté hier à Rabat, se poursuivent sous la présidence de M.Abdelaziz Ziari, ministre délégué chargé de la Communauté nationale à l'étranger et de la Coopération régionale. Ce dernier précisait dernièrement que la réunion en question a été programmée lors du dernier Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UMA. Elle aurait, selon lui, pour seul objectif la mise en examen des avancées et des travaux accomplis durant «une décennie par les différentes instances et institutions afin d'en tirer les conclusions et de réaménager, en cas de besoin, les différents textes qui régissent notre union». Il reste, toutefois, que, depuis les dernières retrouvailles des ministres des Affaires étrangères maghrébins, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Le communiqué du ministère des AE a été, dans ce sens, très révélateur. Il s'agit, écrit-on, d'adapter l'UMA «aux nouvelles exigences induites par les changements intervenus aux niveaux national et international afin de répondre au mieux aux aspirations légitimes et profondes des peuples maghrébins». Ces changements concernent, précisément, le dernier rapport du secrétaire général de l'ONU relatif au conflit du Sahara occidental ; à l'indignation de Rabat et aux accusations de son ambassadeur à l'ONU ; la virulente et non moins injurieuse campagne médiatique marocaine contre l'Algérie et finalement, la réaction algérienne, fort pointilleuse, lors du dernier Conseil des ministres tenu lundi dernier. Une réaction que M.Belkhadem a jugé modérée «dans la mesure où elle a évité l'invective et l'insulte comme constaté dans la presse marocaine». Il n'a pas manqué, en revanche, de rappeler l'ambition de l'Algérie d' «oeuvrer pour la construction de l'UMA». Le ministre a même précisé que l'Algérie est «en train de construire des relations de bon voisinage avec le Maroc». Une précision qui vient à point car il est signalé en outre que le sommet tant promis pour le premier semestre 2002 aura lieu, assurément, en juin. Est-ce pour autant un signe de viabilité pour l'Union maghrébine? Les observateurs restent mitigés car il semble que désormais il n'est plus question de parler d'Union tout en occultant la question sahraouie, considérée, au plan du discours officiel, du seul ressort des Nations unies. Une option qui avait la faveur d'Alger; le Président Bouteflika souhaitant, dans ce sens, promouvoir «l'option stratégique» afin de justifier la pertinence d'un tel regroupement régional qui devait, suivant cette même logique, outrepasser les conflits frontaliers et envisager uniquement les bienfaits économiques. Aussi, cette tentative a vite été confrontée à une réalité plutôt acerbe. Il y a eu, notamment, les propos de Kofi Annan qui sont tombés tel un couperet. «L'avenir du processus de paix au Sahara occidental est plutôt lugubre», avait-il décidé pour ajouter ensuite que le rapport, qu'il a rendu public, était «pessimiste, mais réaliste»et où le secrétaire général de l'ONU proposait sommairement quatre possibilités. La première serait que le Conseil de sécurité impose un retour à l'autodétermination. La seconde suggère que le Sahara occidental devienne une province semi-autonome du Maroc. La troisième, en revanche, tend carrément à mettre fin à la mission des Nations unies au Sahara. Une option radicale, susceptible d'enflammer davantage le conflit et de le soumettre à toutes les surenchères, mais elle n'est, certes, pas derrière les dernières controverses. Le Maroc est monté sur ses grands chevaux à la lecture de la quatrième option. Kofi Annan y proposait le partage du territoire sahraoui. Une solution que le royaume chérifien a catégoriquement rejetée estimant qu'il s'agit-là d'une tentative qui viserait, selon l'ambassadeur du Maroc aux Nations unies, «la création d'un micro-Etat sous la protection de l'Algérie qui aspire à disposer d'un débouché sur l'Atlantique». Pour ce qui est de la réaction d'Alger, notons justement le fermeté du ton. Le gouvernement dénonce les invectives marocaines qui vont «à contre-courant des efforts pour consolider la confiance et l'entité mutuelle». Alger réaffirme également le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. A la lumière de ces faits, il semble que le sommet de l'UMA, s'il est maintenu, ne pourra pas, cette fois, mettre sur le tapis une question à laquelle l'avenir de l'UMA est dûment attaché. Les observateurs les plus optimistes pensent même qu'une solution toute maghrébine s'impose. Elle serait peut-être définitive!