Les malformations neurologiques viennent en tête avec un taux de 88%. Prés de 60% des cas de mortalité en chirurgie néonatale sont dus à des malformations congénitales, a soutenu, hier, le professeur Nacer Djidjeli, chef de service à l'hôpital de Belfort à El Harrach et président de la Société algérienne de chirurgie pédiatrique (Sacp) dans son intervention lors du 23e Congrès national de pédiatrie. Les malformations neurologiques viennent en tête avec un taux de 88%, suivies des malformations digestives (80), urologiques (67%) et cardiaques (45%). «Il faut tirer la sonnette d'alarme et engager, sérieusement, une réflexion approfondie pour remédier à cette situation», a-t-il déclaré. Qualifiant ces chiffres «d'inacceptables», le Pr Djidjeli a insisté sur l'impératif d'une collaboration multidisciplinaire pour assurer une prise en charge efficiente. «Cette situation ne peut être réglée qu'avec la coopération de tout un chacun, notamment du néonatologiste, de l'obstétricien, du pédiatre, du chirurgien pédiatrique, et des paramédicaux», a-t-il indiqué. Il a mis l'accent sur l'importance du diagnostic anténatal qui doit être impérativement fait dès le deuxième trimestre de la grossesse pour déceler toute malformation du foetus. Dans la pratique, les médecins relèvent que seulement 1/3 des échographies sont faites au 2e trimestre alors que 2/3 sont faites après le 3e trimestre. La prévention primaire est très limitée en Algérie, estiment les participants. Il faut souligner que le niveau de la mortalité néonatale représente, aujourd'hui, les deux tiers de la mortalité infantile et la mortalité néonatale précoce représente 80% de la mortalité néonatale. Parmi les décès néonatals précoces, un nouveau-né sur deux décède avant la 24e heure de vie. «Le nouveau-né meurt quand il est mal pris en charge», souligne le Dr Mohamed Debbaz de la Sacp et d'ajouter que «nous ne maîtrisons pas la prise en charge thérapeutique de la malformation». Pour lui, cette prise en charge ne concerne pas uniquement le geste chirurgical mais également la réanimation postopératoire. «L'urgence ne se pose pas en chirurgie mais en réanimation», relève-t-il. Quelles sont les causes qui ont engendré cette situation inquiétante?. «C'est religieux et culturel en premier lieu et c'est le gros problème qui conduit à cette situation», indique le Dr Debbaz. Sur le plan professionnel, il reconnaît que les spécialistes en la matière «ne sont pas encore capables de faire un diagnostic avant la naissance». «C'est une question de compétence et de savoir-faire et non de manque de moyens matériels. Nous n'avons pas suivi l'avancée de la science dans ce domaine. Nous sommes restés classiques», avoue le Dr Debbaz. Celui-ci soulève, également, le problème du manque de programmes nationaux de formation en néonatalogie. Volet sur lequel avait également insisté le Pr Lebbane Djamil, chef du service maternité au CHU Mustapha-Pacha, lors de la présentation, en avril 2006, du programme national de périnatalité par le ministère de la Santé. Selon lui, dans ce contexte, le Dr Debbaz a indiqué qu'un programme de formation de nos spécialistes au niveau de l'hôpital Necker-enfants malades de Paris est déjà arrêté. «Il s'agit d'apprendre à nos spécialistes comment prendre en charge les maladies qui nous échappent encore». A souligner que le Pr Yann Revillon, chef de service de chirurgie pédiatrique au niveau de cet hôpital était présent à cette rencontre. Le montant global de ce programme suscité (avril 2006-avril 2009) est de 2,7 milliards de dinars. L'objectif principal est de diminuer les taux de mortalité maternelle et périnatale. Une baisse de 30% sur ces trois ans est visée.