Il s'agit d'une démarche «préventive» de la part de Ahmed Ouyahia. Des ministres RND en fonction conduiront, le 17 mai prochain, les listes électorales du parti dans plusieurs wilayas du pays. Le choix est «tactique» et fait partie de la stratégie électorale arrêtée par M.Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, selon nos sources. Dans ce sens, nous apprenons que M.Yahia Guidoum, ministre de la Jeunesse et des Sports, sera tête de liste à Sétif, M.Chérif Rahmani, ministre de l'Environnement, est pressenti dans la wilaya de Djelfa, M.Mohamed Maghlaoui, le premier responsable du secteur des transports défendra les chances de son parti à Skikda, M.Boubakeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale disputera avec M.Abdessalem Bouchouareb, la tête de liste à Oum El Bouaghi. Quant à M.Bakhti Belaïb, l'ancien ministre du Commerce, il se présentera à Aïn Defla. Interrogé sur les raisons de ce choix, un proche collaborateur d'Ouyahia, reconnaît qu'il s'agit là d'une démarche «préventive». «Nul ne doute que les élections législatives imposeront, assurément, une nouvelle carte politique, et feront naître une nouvelle majorité.» Le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, serait appelé, de l'avis de notre interlocuteur, à changer le gouvernement en vertu de ces donnes. Plus explicite, il atteste que «si les ministres-candidats sont reconduits au sein de l'Exécutif, ils cèderont évidemment leurs sièges parlementaires à leurs compagnons politiques». Dans le cas où le chef de l'Etat met fin à leurs fonctions, ils défendront le programme de leur parti dans les deux chambres du Parlement. Tout compte fait, les ministres en place s'engagent dans cette course électorale, dont la campagne sera lancée le 25 avril, avec un avantage majeur, s'agissant de personnalités publiques connues et médiatisées par la presse et gérant dans leur majorité des secteurs névralgiques. Ces derniers vont-ils troquer leur casquette de ministre durant la campagne électorale? Difficile selon les observateurs avertis. Notons, par ailleurs, que les listes finales des candidats du RND seront connues la semaine prochaine. Les commissions de wilayas, chargées par le conseil national de choisir les candidats, soumettront leurs propositions, dans les jours qui viennent au secrétariat national. «Contrairement aux autres partis, le choix des candidats se fait par la base, ce qui donne plus de crédibilité à cette opération et renforce les chances du parti le 17 mai». L'opération, persiste notre interlocuteur, se déroule dans «de bonnes conditions», même s'il avoue que l'annonce des noms pourra susciter un désaccord chez quelques-uns. Depuis son départ de la chefferie du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia a accordé un intérêt particulier au dossier des législatives. Une question inscrite à l'ordre du jour de sa tournée à travers le territoire national. La question a été longuement débattue et a représenté la part du lion dans les débats à l'occasion de la réunion du conseil national, les 1 et 2 mars. Cette rencontre, notons-le, a permis de définir le profil des candidats RND. Dans ce contexte, la résolution organique, adoptée à la majorité, a souligné que ne peuvent être candidats que les militants du parti. Elle exclut toute personne condamnée par la justice pour crime ou délit ou faisant l'objet d'une information judiciaire en cours, sauf lorsque celle-ci est en mesure de produire une décision judiciaire définitive d'acquittement. Etant conscient «des convoitises» que peut susciter un tel événement, Ouyahia a affirmé que la composition des listes de candidatures devra répondre au souci d'assurer la réussite du RND «avant toute ambition individuelle». Dans ce sens, la résolution organique souligne clairement qu'«aucune position dans les structures organiques nationales ou locales du parti, ne doit être considérée comme ouvrant droit à figurer sur les listes de candidatures aux élections au détriment des chances de victoire du Rassemblement». Cela n'a pas empêché plusieurs cadres dirigeants du parti de se lancer dans cette conquête. Enfin, le RND doute de la capacité des indépendants à enrichir les débats politiques. Estimant que ces candidatures s'inscrivent dans cette «grande manoeuvre qui vise à affaiblir les partis politiques et de réduire leur capacité d'action».