Nabil Benabdallah a estimé que «le Maroc est visé par le terrorisme qu'il doit combattre en faisant preuve de vigilance». L'attentat, qui a ébranlé dimanche soir la ville marocaine de Casablanca, relance le débat sur l'instabilité dans la région du Maghreb. Le redéploiement d'Al Qaîda dans la région, à travers l'allégeance du Gspc algérien et de la Salafya djihadya marocaine, a constitué le terreau favorable aux extrémistes de tous bords. Une semaine, donc, après l'arrestation, mardi dernier de Saâd Houssaïni, recherché depuis 2002 pour sa présumée appartenance au Gicm (Groupe islamique combattant marocain) et soupçonné d'être l'artificier du groupe qui aurait organisé les attentats suicide de Casablanca, qui ont fait 45 morts et des dizaines de blessés, le Royaume chérifien vacille de nouveau. En effet, de nombreux questionnements se posaient, hier, à la suite de l'explosion qui avait visé un cybercafé qui a fait un mort et quatre blessés. Ce dernier est situé dans un quartier populaire de Casablanca, Sidi Moumen, d'où étaient originaires la plupart des kamikazes des attentats de mai 2003. Des attentats, qui, rappelons-le, avaient fait 45 morts, dont 12 kamikazes. Ils avaient visé un hôtel, des restaurants fréquentés par des étrangers et des établissements juifs de la ville. Cette fois encore, la touche d'Al Qaîda est perceptible, aussi bien à travers le modus opérandi, à savoir l'attentat suicide et la symbolique que représente la ville ciblée. Un individu avait actionné la charge explosive qu'il portait sur lui, selon les premiers éléments de l'enquête des services de sécurité marocains. Selon les premiers éléments de l'enquête, deux individus de nationalité marocaine qui portaient sur eux des charges explosives, voulaient consulter un site Internet faisant l'apologie du terrorisme, et recevoir des instructions. Mais ils ont été empêchés, selon la version officielle par le fils du propriétaire du cybercafé, de consulter ces sites. «Ils devaient, en fait, recevoir des instructions via un site Internet», affirment des sources sécuritaires marocaines. L'un des deux individus aurait ainsi, sous la colère, actionné la charge explosive qu'il portait sur lui, d'après la même version. A noter que depuis quelque temps, les services de sécurité marocains avaient sensiblement renforcé, depuis le début de l'année, les mesures de sécurité et de surveillance de sites sensibles, de crainte d'attentats terroristes qu'organiserait Al Qaîda et qui restent, selon des responsables marocains, «potentiels» au Maroc. En 2006, plusieurs présumés groupes terroristes qui seraient proches d'Al Qaîda, selon les services de sécurité marocains, avaient été démantelés à Casablanca, Rabat, Meknès, Tanger et Tétouan. Réagissant à cet attentat, le porte-parole du gouvernement marocain, Nabil Benabdallah a estimé que «le Maroc est visé par le terrorisme qu'il doit combattre en faisant preuve de vigilance». Plus précis, il enchaîne: «Nous le disions officiellement, le Maroc est particulièrement visé par les milieux terroristes, c'est pour cela que des mesures de sécurité ont été renforcées ces derniers jours». Après cet attentat et ceux perpétrés en Algérie et tout récemment en Tunisie, il est à craindre que la région soit la nouvelle cible d'Al Qaîda qui, à travers le dernier attentat de Casablanca, vient de signer l'un de ses crimes les plus abjects.