Malgré les progrès enregistrés, le terrain reste encore à conquérir pour les femmes algériennes. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a exhorté la femme algérienne à aborder une nouvelle étape dans son processus d'évolution. Ce virage important devra consacrer définitivement l'implication totale de la femme dans le développement du pays.«Nous devons ensemble, de manière différenciée mais solidaire, aborder une nouvelle étape dans cette évolution dont les enjeux se situent principalement en dehors du terrain de l'enseignement, de la justice ou de la santé publique», a-t-il soutenu dans son discours prononcé, jeudi à l'hôtel El Aurassi à l'occasion de la Journée mondiale de la femme. L'insertion des femmes dans le monde du travail ne doit plus se limiter aux résultats remarquables obtenus dans le domaine de la Fonction publique qualifiée. Les Algériennes doivent également s'inscrire dans l'économie moderne qui est celle de l'entreprise performante et du savoir efficient. «Il ne s'agit plus de mesurer la participation des femmes en nombre d'enseignantes ou de médecins, mais en nombre d'entrepreneuses produisant du surplus, de la richesse pour leur bien, le bien de leur famille et le bien de notre pays», a-t-il défendu. Malgré les progrès enregistrés, le terrain reste encore à conquérir pour les femmes algériennes. Les institutions sont appelées à encourager les initiatives d'Algériennes, en particulier celles qui ont en charge le microcrédit et la microentreprise. Bouteflika a salué, dans ce sillage, les pionnières que sont les 5000 utilisatrices de l'Agence nationale de gestion du microcrédit ainsi que l'ambition de ces 11.000 chômeuses qui ont réussi à créer leur microentreprise grâce à l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes. L'insertion des femmes dans le monde du travail ne doit pas être l'apanage du monde urbain. «L'un des enjeux essentiels de la nouvelle étape que nous abordons est celui de la modernisation du monde rural par la transformation de ses femmes en agents actifs de la mise en valeur de nos campagnes et partant, de la stabilisation de leur population». Pour cela, le président a fait savoir que la priorité, dans le programme global de développement, sera donnée à la lutte en milieu rural contre l'analphabétisme qui touche encore environ un tiers des femmes de nos campagnes. Un programme déjà amorcé qui a donné des résultats avec la mise en place des projets de proximité de développement rural. «A la fin 2006, 2146 projets de proximité de développement rural intégrés étaient en cours de réalisation et concernaient 518.000 femmes», note le président. Plus d'un million deux cent mille femmes occupent des emplois, le plus souvent qualifiés, principalement dans les secteurs de l'éducation, de la médecine, de la magistrature et des différents corps de l'Etat. Cependant, les femmes sont encore minoritaires dans le monde du travail. Elles ne représentent, en effet, que 15% environ de la population active, mais leur nombre ne cesse de croître à un rythme supérieur à celui des hommes. «La population féminine active s'est, en effet, accrue de 7,4% au cours de la période 2001-2005, passant de 884.000 à 1,2 million». Cet accroissement, remarque le président, est supérieur à celui des hommes qui est de 6,5%. Les projections à l'horizon 2020 indiquent que la population active augmentera de 3% avec un taux de 2,5% pour les hommes et de 4,95% pour les femmes. Les filles représentent aussi plus de 60% des diplômés de l'enseignement supérieur. «L'aspect quantitatif n'exprime pas l'essentiel du processus d'insertion des femmes dans le monde du travail. Cette insertion s'est traduite par une participation de plus en plus notable des femmes, jusqu'à devenir, dans certains secteurs, majoritaire, à l'encadrement sanitaire, éducationnel et institutionnel de notre société». La femme a pu intégrer des postes réputés comme éminemment masculins à l'instar de la magistrature où les femmes constituent plus d'un tiers des effectifs, ou la police nationale qui, en quelques années, a recruté plusieurs milliers de femmes, tandis que les premières femmes walis, ambassadrices, et même candidates à la présidence de la République, faisaient leur apparition. Cette transformation des rôles féminins a eu nécessairement des répercussions sur le statut juridique des femmes, consacrant leur plus grande autonomie et un rééquilibrage des responsabilités de l'homme et de la femme au sein de la famille dans le respect des valeurs fondamentales de l'Islam. «C'est ce que le législateur a accompli, il y a deux ans, avec audace et mesure en introduisant d'importantes réformes dans les codes de la famille et de la nationalité», conclut le chef de l'Etat. Notons, par ailleurs, que le président a honoré jeudi des femmes de divers horizons, dont trois martyres, à titre posthume, des femmes d'affaires, journalistes, écrivaines et cadres du secteur de l'éducation.