Les travaux de rénovation de 450.000 bâtisses vétustes au niveau du territoire national, dont 65.000 dans la wilaya d'Alger, à elle seule, demeurent encore inachevés. Cette précision, pour démontrer la politique anarchique de l'aménagement, si politique il y a, a été apportée par Abdelhamid Boudaoud, président des collèges nationaux des experts architectes(Cnea) lors d'une conférence de presse animée, hier, au centre de presse d'El Moudjahid, en présence d'autres experts. D'emblée, le conférencier appelle les citoyens au respect des normes des constructions individuelles en tenant compte des caractéristiques des aspects culturels et esthétiques. Après une brève rétrospective sur les différents plans d'aménagement tracés, de la période coloniale à nos jours, notamment ceux ayant trait à l'ouverture des grandes routes ainsi que l'extension de la ville, l'orateur a précisé que la politique anarchique de l'urbanisme débutait après 1980. «Un urbanisme hideux qui ne respecte pas les normes est apparu, en dépit de l'existence d'un code de l'urbanisme.» La nécessité de l'extension de la ville passe, aux yeux de M.Boudaoud, par la construction des infrastructures culturelles et touristiques. «La capitale ne dispose que le 80 salles de cinéma, un chiffre qui était de l'ordre de 386 et 7 musées seulement» si on se réfère aux déclarations de l'intervenant. La ville d'Alger doit être «une usine d'idées, un modèle et une source d'inspiration pour le développement des autres villes du pays comme Médéa, Tamanrasset et Ghardaïa.» ironise l'orateur, «Cela évitera même l'exode rural», a poursuivi M.Boudaoud. Partie prenante dans cette problématique, les architectes souvent mis à l'index, manquent-ils de formation? à cette question, l'orateur répond par la négative. «On dispose de 900 centres de formation qui ont formé 150.000 architectes en deux ans.» a-t-il précisé. Intervenant au cours du débat, le directeur général du Craag, Abdelkrim Yelles, pense que l'acte de bâtir est un acte technique. Ce qui implique le rôle prépondérant de l'architecte, qui responsable soit-il, demeure indéfini en termes de rôle. Pour y remédier à toutes ces anomalies, un partenariat avec des experts étrangers pouvant apporter une touche supplémentaire pour l'aménagement du trafic urbain est recommandé. Face au laxisme de l'Etat, les agglomérations naissent comme des champignons. En 1962, leur nombre était de 95 pour atteindre les 579 en 2007. Toutes ces irrégularités, outre la pléthore de chantiers dans la capitale, le manque d'espaces verts et l'incivisme des citoyens constituent un frein à toute politique de réaménagement digne de ce nom. «Le citoyen a un engagement à accomplir vis-à-vis de la ville», a poursuivi le président du Craag dans une invitation au citoyen à s'impliquer davantage.