A mi-parcours, la campagne présidentielle mauritanienne se déroule à petits pas, sans fièvre ni tapage. Plus d'un million de Mauritaniens sont appelés le 11 mars à parachever la transition et la restructuration des institutions du pays, engagée par le Cmjd depuis le coup d'Etat d'août 2005, en participant au premier tour de l'élection présidentielle à laquelle prennent part 19 candidats. Après les élections municipales et législatives, la présidentielle de dimanche prochain est la dernière étape du processus de retour des civils au pouvoir, conformément à l'engagement du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (Cmjd) dirigé par le colonel Ely Ould Mohammed Vall, qui n'est pas lui-même candidat selon la loi électorale qui interdit aux membres du Cmjd de prendre part au scrutin. La campagne présidentielle dont le terme est prévu pour le 9 mars est animée par 19 candidats, dont l'ancien président Mohamed Khouna Ould Haidalla (1980-1984), et les principales figures de l'ancienne opposition comme Ahmed Ould Daddah, président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD ex-opposition), fils du premier président mauritanien, Mokhtar Ould Daddah, Ould Hannena, ancien dirigeant des Cavaliers du Changement, opposition islamique à l'ancien président Sid Ahmed Ould Taya. MM.Ould Hannena et Ould Daddah -membres de la Coalition des forces du changement démocratique (Cfcd), l'ex-opposition mauritanienne- se présentent, en ordre dispersé, avec cinq autres candidats de cette coalition, au premier tour. Ould Sidi Cheikh Abdellahi, candidat de la coalition Al-Mithaq (de l'ancienne majorité présidentielle) se présente comme le principal concurrent des postulants regroupés dans le Cfcd. La coalition Al-Mithaq a remporté, notamment, les législatives et le Sénat, rappelle-t-on. La campagne, qui a débuté samedi dernier et qui s'achève le 9 mars, a lieu dans un climat apaisé où tous les candidats semblaient satisfaits des conditions de son déroulement. De fait, les dix-neuf candidats se sont accordé sur une «charte de bonne conduite» pour que le débat électoral reste ouvert et sans excès. Longtemps ignoré, sinon abandonné, le pays profond a vu, ces derniers jours, l'afflux de personnalités venues de la capitale et toutes déterminées à «redonner vie» à ces territoires marginalisés par les pouvoirs politiques successifs à Nouakchott. Ainsi, nombre de programmes électoraux ont pris en charge les préoccupations des Mauritaniens avec comme leitmotiv, l'emploi pour les jeunes, l'accès à l'eau et à l'électricité, de même que l'extension du réseau routier ou le désenclavement des différentes contrées de ce vaste pays aux trois quarts désertiques. Selon les analystes sur place, la campagne, qui tarde à s'emballer, se déroule cependant dans le calme, la fièvre électorale ne semblant pas avoir touché le large électorat de l'intérieur du pays. Notons qu'un millier d'observateurs, outre les observateurs nationaux, ont été délégués par l'Union européenne, l'Union africaine, la Ligue arabe et l'Organisation de la Conférence islamique (OCI) qui assisteront à la campagne et au déroulement du scrutin. Par ailleurs, dans un communiqué rendu public à la veille du départ de la campagne électorale, le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (Cmjd) a appelé «tous les acteurs politiques et l'ensemble des forces vives de la Nation à faire preuve de maturité et de civisme pour la réussite du processus de transition démocratique dans un esprit de saine compétition et de cohésion nationale». Le Cmjd a, également, engagé le gouvernement de transition à «prendre toutes les mesures appropriées pour garantir l'impartialité totale de l'Etat et l'organisation d'un scrutin présidentiel régulier, transparent et juste». Il est enfin indiqué que le Cmjd a adopté une «ordonnance constitutionnelle» qui organise la passation des pouvoirs avec les institutions issues des élections. Les préparatifs matériels du scrutin ont été achevés, selon une annonce faite mercredi par le gouvernement, après réception des bulletins de vote acheminés depuis Londres.