«La commission d'enquête est défaillante. Je reconnais l'existence de dépassements et d'abus de pouvoir dans son travail», confesse Yahia Aïssa, président de l'APC en question. «Annulez la liste», «heggar» ou encore «vous êtes un fraudeur», ce sont les quelques slogans scandés par une soixantaine de personnes venues manifester leur désarroi et leur colère, hier, au niveau de la daïra d'Hussein Dey, à la suite de l'affichage des listes des bénéficiaires des logements sociaux jeudi passé. En substance, les citoyens estiment que les listes en question portant 150 bénéficiaires, sont frauduleuses car ayant essentiellement profité aux tranches sociales qui ne sont pas dans le besoin tels des célibataires, des commerçants ou encore des familles non originaires de la commune. Les citoyens accusent quelques responsables de l'APC d'Hussein Dey d'avoir falsifié les certificats de résidence, et ceux de non-affiliation au profit de leurs proches et amis. En revanche «ils ont empoché des tchipas inimaginables», lance un jeune sur un ton qui renseigne sur cette colère. Les postulants qui se disent «lésés» refusent, en dépit de la situation, de recourir à la violence. «Nous refusons d'être manipulés et utilisés à des fins politiques. Nous condamnons la violence. Elle ne bénéficiera qu'aux fraudeurs», dira un groupe de citoyens. Au niveau des responsables locaux, cette contestation est présentée comme étant «logique et normale». Le président de l'APC d'Hussein Dey s'en lave les mains et accuse la commission ayant procédé à l'étude des demandes de logements de fraude. «Cette commission est défaillante et les enquêtes aussi. Je reconnais l'existence de dépassements et d'abus de pouvoir», mais une question demeure cependant en suspens: pourquoi ladite commission considérée officiellement comme frauduleuse, n'a pas été dénoncée par le président de l'APC? «Je n'ai pas hérité d'une APC, mais d'une bombe à retardement». Telle est la réponse de M.Yahia Aïssa qui se déclare, pour «sa part», lésé et victime d'un contexte sociopolitique qui piétine la transparence. Un discours peu convaincant, c'est du moins ce qui ressort des réactions des citoyens qui appellent à l'annulation des listes en recourant à un droit, pourtant assuré par la réglementation: «Nous n'avons plus confiance en personne. Nous ne céderons pas et nous demandons la condamnation des élus fraudeurs.» Pour sa part, une source au niveau de l'APC nous a déclaré que les collectivités locales ont été piégées depuis 1997, date à laquelle le pouvoir leur avait légué la gestion des logements sociaux. «C'est une décision politique qui avait pour objectif principal de soulever la population contre leurs élus locaux», estime-t-il.