Combien de fois la femme, aussi bien rurale que citadine, est-elle sollicitée pour garnir les salles de conférence? A deux mois des élections législatives, les partis politiques, toutes tendances confondues, s'attellent à clôturer leurs listes de candidatures, dont le dernier délai est fixé pour le 31 du mois courant. Cependant, l'enjeu principal du prochain scrutin demeure la femme, courtisée et adulée, dans les discours des formations politiques en lice. Démocrates, islamistes, islamo-conservateurs et nationalistes, essaient de convaincre. Cependant, à l'exception du Parti des travailleurs, qui vient de briser un tabou, ouvrant ainsi une nouvelle ère pour la représentation féminine au Parlement, d'autres formations qui font des idéaux démocratiques et républicains leur cheval de bataille, n'arrivent pas à «concéder» à la femme la place qui, pourtant, lui revient de droit dans la société. La révision du code de la famille, bien que perfectible, constitue un pas important vers l'émancipation de la femme, longtemps considérée mineure à vie et qui doit, à chaque fois, s'accrocher aux basques ou à la djellaba de l'homme, son éternel «protecteur». Le poids de la tradition, des tabous et préjugés est tenace au sein de la société, au point où évoquer la place de la femme aux plus hauts postes de responsabilité, donne lieu aux débats les plus passionnés. On recourt même à l'avis religieux, nonobstant le fait que l'islam a été la première religion à avoir donné à la femme une place importante dans la société. Le Parti des travailleurs qui se défend d'être féministe, est, non seulement conscient du poids de l'électorat féminin, mais aussi de l'impact sur les mentalités de la représentation de la femme dans les assemblées élues. Une nouvelle culture dont la société algérienne doit s'imprégner, elle qui est confinée dans une vision rétrograde de l'image de la femme. Pourtant, nul n'ignore son rôle durant la guerre de Libération, dans la période antéislamique et surtout au cours de la dernière décennie de sang et de larmes qu'a vécue le pays. On évoque souvent la Kahina, Lalla Fatma N'soumeur, Hassiba Benboulaïd, Rachida Hammadi ou Nabila Djahnine, dans des discours de conjoncture, mais sans plus. La femme dans le discours politique est, en quelque sorte, comme l'image du projet et de la maquette. Un large fossé entre la théorie et la réalité. Combien de fois aussi la femme, aussi bien rurale que citadine, est-elle sollicitée pour garnir les salles de conférence ou assister à des meetings, sans pour autant avoir un retour d'écoute de la part de ces élus ou autres «sous-traitants» qui disparaissent aussitôt pour ne réapparaître qu'a l'occasion des prochaines joutes électorales? Mais comment instaurer une nouvelle culture, quand ceux-là mêmes qui prétendent défendre les droits de la femme, sont les premiers à l'en priver? Quand des partis politiques proposent des primes pour les femmes au foyer, il y a maldonne quelque part. Bien entendu, le jour du scrutin, c'est encore une fois la procuration qui fera l'affaire, la femme ne pouvant pas exprimer son choix consacré par la loi fondamentale du pays. Comment faire pour que l'émancipation de la femme ne demeure pas un vain mot? Quand va-t-on enfin mettre à exécution les principes constitutionnels faisant de la femme une citoyenne à part entière, avec les mêmes droits et investie des mêmes devoirs que son «frère» l'homme? Le rôle de l'école est aussi d'une extrême importance. Inculquer aux enfants la culture du respect, de la cohabitation avec l'autre sexe, est un passage obligé pour toute la société. L'éducation civique, inscrite en bonne place dans le programme de réforme du système éducatif, doit faire de la problématique des droits de la femme l'un de ses objectifs fondamentaux.