Au lendemain des plus grands Mondiaux de l'histoire de l'athlétisme, Tokyo 91, et du grand Mondial espagnol, le peuple algérien se réveille avec une super production des Verts qui ont mis à genoux la grande Allemagne, et avec deux belles médailles en vermeil signées Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli. Deux noms qui resteront gravés en lettres d'or dans la mémoire du sport en Algérie. Bien sûr que le maître et la reine des pistes, champions du monde du 1 500 m à Tokyo, méritent autant d'intérêt que les gloires de Gijon, pour la simple raison qu'ils ont fait oublier au peuple algérien toutes leurs peines et leurs malheurs. Ils les ont fait vibrer à chaque course, ils leur ont fait vivre des moments inoubliables. Mais depuis, eu égard aux maigres résultats algériens lors des grands rendez-vous continentaux et mondiaux, nous n'allons pas jusqu'à dire que plus rien ne va, nous dirons seulement que le sport algérien, jadis locomotive du sport africain, s'enlise de jour en jour. Il n'arrive plus à suivre le rythme imposé par nos amis et voisins maghrébins et africains. Dans cet océan de médiocrité qu'est devenu le sport algérien, fait de magouille, de corruption, de violence, d'agissements des clubs, de calculs étriqués ayant conduit notre sport au déclin et à la relégation de notre équipe nationale au plus bas niveau dans la hiérarchie continentale. La 100e place qu'occupe l'Algérie au classement FIFA est la parfaite illustration de l'état de déliquescence, de décadence et de dégradation du sport national. Une longue et inexorable dérive Cela fait des années que le football algérien ne cesse de décliner. Trentième équipe mondiale en décembre 1992, notre sélection a reculé à la 73e place à la veille du match contre la Gambie, et à la seizième place du classement africain 2007, pour atteindre, enfin, le seuil de la médiocrité, suite à son élimination de la CAN 2008 du Ghana. Depuis 1990, année de son unique sacre dans l'épreuve phare africaine, l'Algérie n'a jamais dépassé le stade des quarts de finale de la compétition aux campagnes de 1996, 2000 et 2004. Les autres fois, elle n'a pas passé le premier tour ou a été carrément absente (1994), suite aux réserves formulées contre le joueur kabyle, Karouf. La génération Moussa Saïb-Tasfaout n'était pas de la même veine que celle des Assad, Madjer, Belloumi qui enchantaient le ballon, les Allemands s'en souviennent encore. Cette cuvée-là avait été enfantée, rappelle-t-on, dans les équipes de jeunes et dans des clubs où l'on travaillait avec fermeté. Imaginez que, depuis 1979, plus aucune sélection nationale de cadets ou de juniors n'a disputé un Mondial de sa catégorie. Incroyable mais vrai pour ce football qui faisait l'admiration de tous. Devant une telle gabegie, on comprend mieux le pourquoi de la descente aux enfers. Lentement mais inexorablement, le football algérien s'est délité, abandonnant son leadership à des pays sûrement pas mieux lotis que lui. Les raisons d'un échec Décidément, l'énième «retrouvaille» Heddane-Djelloul n'est pas en mesure de mener loin le football national. Quelques mois après leur désignation, et en dépit de l'existence d'une pléiade de joueurs de talent, les résultats ont été en deçà des espérances. A l'issue d'une série de contre-performances subies en un mois (contre la Mauritanie et le Maroc), un triste record qui doit normalement inciter cette paire à remettre poliment les clés à leur employeur. Entre la forte pression due à une obligation de résultats et la mise en place d'une stratégie tendant à assurer l'immédiat tout en garantissant l'avenir, la paire a trop tergiversé pour savoir sur quel pied danser. Entre-temps, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, ce qui a amené les formations algériennes à se contenter finalement d'un rôle secondaire, alors qu'elles étaient toujours la véritable locomotive de la compétition. Et l'équipe d'Algérie doit revoir ses ambitions à la baisse, après avoir visé le titre à l'entame de l'exercice en cours. Une bonne frange de connaisseurs algériens reproche à nos coachs nationaux leurs choix -très discutables- au moment d'arrêter la liste officielle, en mettant, étrangement, des joueurs de moindre qualité en avant, tout en «gelant» des joueurs de qualité supérieure. Or, il est anormal de préparer l'avenir avec des joueurs qui n'ont pas été formés chez nous. Ces derniers trouvent souvent des difficultés à se libérer pour les matches importants. Les différents coachs se trouvent alors dans une situation délicate ; ils se voient dans l'obligation de faire appel à des joueurs n'ayant pas préparé le match, d'où leur passage à côté durant les rendez-vous. Après quelques mois d'activité, les c achs des équipes nationales ne sont pas encore parvenus à se fixer sur la formation-type à aligner en redonnant à l'équipe l'éclat tant espéré. Pour leur manque d'audace et un conservatisme anachronique, ces coachs, non coupables du tout (la faute incombe à ceux qui les ont nommés), ont mené notre sport à la dérive. Ils sont toujours maintenus à leur poste. Pis, les médiocres sont toujours promus en Algérie. Il y a une vingtaine d'années, l'Algérie a connu les plus grands moments de bonheur, sous la houlette d'autres équipes dirigeantes, lesquelles ont merveilleusement encadré et guidé nos jeunes pour parvenir au sommet. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, les hommes ont changé, les joueurs aussi, les nouveaux venus, n'ayant pas pu s'accommoder aux nouvelles donnes, restent, malgré tout, scotchés à leur poste, attendant un jour d'être priés de passer le témoin à leurs successeurs. L'insécurité n'est pas seule responsable de la déconfiture du sport algérien Certes, le sport algérien a été victime des années de flammes ayant embrasé le pays. Circonstances, on en convient bien évidemment, très atténuantes. Mais, la crise qui mine le sport algérien est un tout, seule une décision politique remettra de l'ordre dans la maison algérienne. Des cellules de réflexion doivent être mises en place afin d'en déterminer toutes les facettes. Pour cela, il faudra du temps, de l'argent et surtout la bonne volonté d'hommes intègres afin d'aller au bout des actions à entamer. Il faut travailler et lutter contre les passions «clubardes» exacerbées et exécrables en donnant un nouveau profil aux sportifs d'élite, aux professionnels, et en accorder une attention soutenue aux petites catégories, avec un statut à l'équipe nationale ; tout cela nécessite, bien sûr, que l'on se donne la peine de se départir de cette fatalité médiocre qui nous assaille au gré des éliminations de nos représentants dans les compétitions internationales. Même s'il faut attendre, patienter cinq à dix ans, le travail bien fait finira toujours par payer. Il faudra aussi agir et débarrasser le sport des opportunistes de tout bord, des mangeurs à tous les râteliers qui l'entourent et générer un état d'esprit compétitif neuf avec comme corollaire la formation des jeunes talents, laquelle était notre point fort dans un passé récent et qui nous fait aujourd'hui grandement défaut. Pour l'heure donc, ne nous complaisons pas dans notre défaitisme et essayons simplement de faire quelque chose pour que le sport national retrouve son lustre d'antan. M. G.