Le Sommet arabe de Riyadh a réaffirmé son offre de paix et réitéré son appel à Israël. Comme il était attendu, le 19e Sommet arabe ordinaire, qui s'est tenu à Riyadh, mercredi et jeudi, a réaffirmé l'offre de paix arabe de 2002 réactivée et reprise telle par le Sommet de Riyadh. Les Arabes demeurent ainsi attachés à l'ensemble des propositions faites, il y a cinq ans -qui restent en fait d'actualité- en réaffirmant «l'engagement des Arabes pour une paix juste et globale comme option stratégique, et réaffirme que le processus de paix est une opération globale et indivisible et que la paix juste et globale dans la région n'est réalisable qu'à travers un retrait israélien total des territoires palestiniens et arabes occupés, y compris le Golan syrien occupé et jusqu'à la ligne du 4 juin 1967, ainsi que les territoires qui sont encore occupés dans le sud du Liban (...)» Dans le même temps, comme l'indique la résolution rendue publique, jeudi, le Sommet arabe réaffirme «l'invitation au gouvernement israélien et à tous les Israéliens à accepter l'initiative arabe de paix et à saisir cette occasion qui se présente pour une reprise du processus de négociations directes et sérieuses sur tous les volets». En clair, les Arabes, sans rien exclure, sont prêts à parler de paix avec les Israéliens et de tous les points afférents à l'établissement de la sécurité dans la région. Et le refus brutal tel celui opposé, dès jeudi, par le vice-Premier ministre, Shimon Peres, plus qu'une réaction épidermique, montre surtout le recul de celui qui a été l'un des architectes du processus de paix dans les années 90 et de l'accord Israël-OLP de 1993. Réagissant à chaud, le numéro deux du gouvernement israélien a ainsi affirmé à la Radio israélienne qu' «il est impossible de nous dire: vous devez prendre ce qu'on vous propose tel quel. Si Israël acceptait cette initiative, des négociations n'auraient plus de raison d'être», insistant «par un diktat, ni les Palestiniens, ni les Arabes, ni nous, n'aboutirons à un résultat.» Soit M.Peres feint de n'avoir pas compris le sens de l'offre arabe, soit il fait tout faux, car ce que proposent les Arabes, c'est une base de négociations dont certains des points ne sont pas, à l'évidence, négociables, notamment ceux afférents au retrait de tous les territoires palestiniens, ou que Jérusalem-Est soit la capitale du futur Etat palestinien. Le reste se discute autour de la table verte, ce que, en fait, Israël a toujours refusé, voulant imposer son diktat aux Arabes et ses propres lectures de la paix. On «n'impose rien» à Israël. C'est un refrain connu. En réalité, le sommet arabe n'impose, justement, rien à Israël, il dit, carte sur table, ce que les Arabes attendent d'Israël, notamment l'échange de la paix contre les territoires. Il appartient, dès lors aux Israéliens d'apprécier ou non une offre arabe qui reste ouverte, parce que s'appuyant sur les différentes résolutions des Nations unies afférentes au contentieux israélo-palestinien et plus largement israélo-arabe. Ce qu'a réitéré, d'ailleurs, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, lorsque, s'adressant aux Israéliens, il déclare: «Nous leur disons (aux Israéliens) acceptez-la (l'initiative de paix) d'abord, puis venez à la table de négociations afin que l'on puisse parvenir à un règlement juste». De son côté, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, qui semble plus réceptif, a indiqué, pour sa part, à la Radio israélienne que la déclaration (du Sommet arabe) «traduit un changement révolutionnaire de la perception du monde des pays arabes» avant d'ajouter: «Les pays qui comptent dans le monde arabe commencent à comprendre qu'Israël n'est pas le plus grand de leurs soucis» Certes! Certes! Si M.Olmert estime que la déclaration du Sommet arabe est «révolutionnaire», c'est tant mieux, encore que l'on ne voit pas en quoi, mais dans les faits, c'est le même texte déjà avalisé en 2002 à Beyrouth et rejeté «globalement et dans le détail» par le prédécesseur d'Olmert, Ariel Sharon. Question d'approche sans doute. Il n'en reste pas moins que la paix -qui se réalise à deux- ne peut s'accomplir sans le retrait, sine qua non, d'Israël de tous les territoires palestiniens occupés en 1967 -pour ce qui concerne à tout le moins le contentieux israélo-palestinien- afin de donner aux Palestiniens d'ériger un Etat viable et en même temps fiable. Ce qu'ils ne peuvent accomplir, à l'évidence, dans un territoire morcelé comme l'est actuellement la Cisjordanie. La paix est un choix stratégique fait par les Arabes, toutes tendances confondues, où il n'y a pas ce que l'Occident persiste à qualifier d'Arabes «modérés» ou d'autres qui le seraient moins. Malgré leurs faiblesses, leurs dérives et faux bonds -qui ne leur ont pas toujours permis de parler d'une voix unie- les Arabes ont, cependant toujours, eu pour constance, la libération des territoires arabes occupés et singulièrement les territoires palestiniens. Les Arabes ont déjà proposé, dès 2002, de normaliser leurs relations avec l'Etat hébreu, lequel n'a su, ni voulu, à ce moment prendre la perche qui lui était ainsi tendue. Mais il faudra bien que les Israéliens se rendent à l'évidence: ils ne peuvent avoir en même temps la «paix» «et» les «territoires». Aussi, quel que soit l'angle sous lequel le problème est abordé, la paix au Proche-Orient dépend uniquement d'Israël. C'est aux Israéliens de savoir ce qu'ils veulent et, surtout, ce qu'il leur reste à accomplir pour ce faire.