La moitié des souverains et chefs d'Etat arabes brillaient, hier, par leur absence à l'ouverture de la 20e session ordinaire du Sommet arabe. Les dirigeants arabes présents hier dans la grande salle de conférences de Damas faisaient montre d'un optimisme à tout le moins formaliste qui cachait mal la réalité des relations, le moins qui puisse être dit, incohérentes entre les 22 pays arabes. Cela ne date pas d'aujourd'hui et les pays arabes se sont, souvent, laissés entraîner dans des batailles qui n'étaient pas les leurs. Contrairement à ce qu'avançait un diplomate présent dans la capitale syrienne, le succès du Sommet arabe ne se mesure pas au fait qu'il se tient à la date et au lieu dits, mais par la présence de l'ensemble des membres de la «famille» arabe à même de donner aux décisions des souverains et chefs d'Etat arabes la portée et le crédit nécessaires pour leur prise en compte par les partenaires des pays arabes. Outre l'absence remarquée d'un certain nombre de souverains et chefs d'Etat, le Sommet de Damas est marqué par la crise du Liban dont l'ombre planera sur les travaux de la 20e session ordinaire arabe. Le président syrien, Bashar Al Assad, lors de son allocution d'ouverture est revenu, d'emblée, sur la crise libanaise apportant une mise au point en déclarant: «Je voudrais faire une mise au point sur ce qui se dit à propos d'une ingérence syrienne au Liban. C'est le contraire qui est vrai car des pressions sont exercées sur la Syrie depuis plus d'un an pour qu'elle s'ingère dans les affaires internes du Liban mais nous avons refusé de le faire». Et le président syrien d'affirmer: «La clef d'un règlement est aux mains des Libanais eux-mêmes». Vendredi, à la veille du Sommet de Damas, le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, avait de nouveau accusé la Syrie de jouer «un rôle prépondérant» selon lui, dans le blocage politique qui empêche, depuis septembre, l'élection d'un président de la République, dont le poste est vacant depuis le 24 novembre et la fin du mandat du président Emile Lahoud, réputé proche de Damas. De son côté, toujours à propos du Liban, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a indiqué qu'«il poursuivra dans les semaines à venir» sa médiation pour trouver une issue à la crise politique libanaise, mettant en exergue l'importance d'élire le général Michel Sleiman, sur le nom duquel le consensus existe entre la majorité parlementaire et l'opposition. «L'élection d'un président de la République au Liban (...) et l'entente entre les deux pays voisins et frères, la Syrie et le Liban, sont essentielles pour le retour du calme et la stabilité dans la région», a affirmé, par ailleurs, M.Moussa, estimant d'autre part que «l'initiative arabe a fait des progrès (...) suffisants pour l'élection d'un président au Liban». La veille des travaux du Sommet, le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, est encore revenu, devant la presse, sur le rôle des Etats-Unis dans la division actuelle, selon lui, des pays arabes indiquant: «Les Etats-Unis ont tout fait pour empêcher la tenue du Sommet, mais ils ont échoué car demain nous allons avoir un Sommet très réussi». «Leur but est de diviser les Arabes» insiste-t-il, ajoutant: «Je demande aux frères libanais de cesser de faire porter aux autres la responsabilité de leurs problèmes». Le deuxième point qui retient l'attention du Sommet de Damas reste le dossier palestinien sur lequel existe, du moins, un consensus arabe. De fait, Damas va réitérer la position du 19e Sommet tenu à Riyadh l'an dernier qui avait réaffirmé que l'initiative de paix lancée à Beyrouth, en 2002, restait le cadre «essentiel» et «unique» pour un règlement juste et global du conflit arabo-israélien. Cette initiative exige d'Israël le retrait total de tous les territoires occupés depuis 1967 et l'établissement d'un Etat palestinien souverain, rappelle-t-on. Dans son discours d'ouverture, M.Assad avait appelé les Arabes à «briser» le blocus israélien de Ghaza indiquant: «Nous appelons à briser immédiatement le blocus imposé à Ghaza, d'abord par les pays arabes puis les autres». Israël impose un blocus à la bande de Ghaza depuis la mi-janvier dans le cadre de sa riposte à des tirs de roquettes palestiniennes sur le sud d'Israël, rappelle-t-on. Les situations prévalant en Irak, au Soudan, en Somalie et dans le Golan syrien notamment, figurent à l'ordre du jour du Sommet, ainsi que les questions liées à l'action arabe commune d'ordres politique, économique, social, sécuritaire, juridique et financier. Par ailleurs, le Sommet de Damas passera en revue les relations arabes avec les ensembles internationaux et régionaux, de même que sera examinée la réhabilitation de la langue arabe.