Le ministre palestinien de la Culture a expliqué aux parlementaires européens la position et la stratégie du cabinet d'union. Officiellement, unanimement et solennellement, les chefs d'Etat réunis sous la bannière de leur organisation, la Ligue arabe, ont renouvelé à l'Etat d'Israël l'offre d'une paix juste, globale et garantie qu'ils avaient déjà proposée en 2002 à Beyrouth. «La terre contre la paix» ont-ils répété. Et même si le gouvernement israélien (et non pas le peuple dont 2% seulement soutiennent, selon les derniers sondages, sa politique) a fait savoir, dès jeudi, par la voix de son ministre d'Etat, Shimon Peres, son refus de l'offre de paix arabe, il faut que les pays arabes «réveillent» sérieusement leur diplomatie. Le refus israélien était attendu, puisqu'en réalité, cette offre de paix n'est pas nouvelle dans sa forme comme dans son contenu. Mais ce qui est attendu des dirigeants arabes, c'est leur persévérance dans une action diplomatique permanente. Autrement dit, enclencher un processus de lobbying tant au niveau des instances internationales (ONU) qu'au niveau des groupements régionaux (UE), ou celui des pays influents sur la question (USA, Grande-Bretagne...). Cette stratégie est prônée et défendue par les Palestiniens eux-mêmes. Ils y croient. Des indices? Au même moment où se tenait le Sommet de la Ligue à Riyadh, le Parlement européen (PE) accueillait le ministre de la Culture palestinien, M.Bassam Al-Salhi, afin de l'écouter sur l'intention et les engagements du nouveau gouvernement d'union palestinien. «Notre projet n'est pas la guerre contre Israël. Aussi, nous voulons votre soutien, parce que le peuple palestinien, lui, nous soutient», a déclaré Bassam Al-Salhi, aux nombreux parlementaires et journalistes de la presse internationale venus l'écouter. Le jeune ministre a martelé les principes fondamentaux sur lesquels l'Etat palestinien veut exister: «Notre parti -le Hamas- est un parti qui croit en la démocratie et il la défend. Vous savez, vous les Européens, combien la démocratie est un long et difficile processus. Notre gouvernement protégera le pluralisme.» Le ministre a, ensuite, réaffirmé le désir ardent de construire un Etat palestinien, conformément aux engagements des résolutions de la communauté internationale, c'est-à-dire, un Etat dans les frontières d'avant l'occupation de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Il a ajouté: «Au Quartette, nous disons que nous sommes prêts, dès aujourd'hui, à un échange de prisonniers et nous nous engageons, unilatéralement, à un cessez-le-feu que nous garantissons. Le gouvernement palestinien -et le peuple- résisteront pacifiquement à l'occupation israélienne.» Ensuite, l'orateur a étonné plus d'un observateur en réaffirmant que le gouvernement d'union nationale «respectera tous les engagements et accords précédents passés avec les Israéliens.» Mettant Israël le dos au mur, il a souligné que pour l'instant, c'est le gouvernement d'Israël qui ne respecte aucun de ses engagements, qu'il ne manifeste aucun geste en faveur de la paix. Le représentant palestinien a pris à témoin l'Union européenne sur la volonté de son gouvernement à faire la paix, alors qu'Israël fuit. Par ailleurs, le député européen et président du groupe de la gauche unitaire, M.Francis Wurtz, à l'origine de l'invitation du ministre palestinien, a abondé dans son allocution de bienvenue dans le même sens. «L'engagement du Premier ministre palestinien à respecter les accords passés auparavant avec Israël; son initiative pour un cessez-le-feu; la libération et l'échange de prisonniers...Pour tout cela, nous -l'UE et le monde- devons saisir cette occasion pour le retour à la table des négociations pour la paix», a expliqué M.Wurtz. Avant d'annoncer qu' «un grand nombre de parlementaires et chefs de groupes politiques de différentes tendances, de gauche comme de droite, ont signé l'appel lancé par son groupe à lever, immédiatement, l'embargo imposé aux Palestiniens et à relancer la communauté internationale pour aider à la paix et à la construction d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967». Dans tous les cas, le discours de M.Bassam Al-Salhi a marqué les esprits au PE et l'on sent que quelque chose est en train de se passer au sein des institutions européennes: un sérieux engagement pour la paix israélo-palestinienne. Aussi, pour une fois, la rencontre des 22 dirigeants du monde arabe aura eu quelque consistance qu'il nous faut souligner. Le reste dépend maintenant de la communauté internationale, particulièrement d'Israël et de ses soutiens.