Il compte toutefois commencer à organiser ses hommes en structure politique implantée partout dans le pays et suffisamment outillée pour participer aux joutes électorales à venir. Dans un communiqué signé par son chef historique, Madani Mezrag, l'AIS déclare se retirer de la course aux élections législatives. Enumérant une série d'entraves faites à son choix initial de se porter candidat à l'APN, Mezrag dresse un bilan très négatif de la situation politique actuelle et dit que cette position est le résultat d'«obstacles mis sur le chemin d'une participation saine et active à la vie politique». Malgré cela, Mezrag dit qu'il compte commencer à organiser ses hommes en structure politique implantée partout dans le pays et suffisamment outillée pour participer aux joutes électorales à venir. Pour ce faire, il dit qu'il tend à arriver à organiser un congrès constitutif national de l'AIS, en comptant sur le soutien de la base historique et sociale de l'organisation. Madani Mezrag comptait récemment, avec ses principaux collaborateurs, notamment Ahmed Benaïcha et Mustapha Kertali, l'ancien émir de l'AIS, se présenter aux élections. Il a longuement posé le problème de sa participation aux législatives, le considérant sous toutes ses coutures, pour enfin trouver le bon angle de tir: la participation aux élections dans un emballage politique, le parti Al Wifaq, en l'occurrence, qui serait hors de portée de tout soupçon et de toute interdiction de la part des autorités. Al Wifaq est un parti agréé, qui travaille dans la légalité et les lois de la République, et auquel le ministère de l'Intérieur ne peut rien reprocher. Son président, Boukhezna, a donné son accord pour constituer l'emballage politique à Madani Mezrag, mais le stratagème, simple et efficace à la fois, a certainement buté sur une volte-face du parti «hébergeur» sous la pression de ses membres les plus hostiles à pareil stratagème. Mezrag a bien mesuré auparavant la portée et les enjeux de pareille décision et semblait prêt à jouer le jeu jusqu'au bout: «L'AIS (Armée islamique du salut, branche armée du FIS dissous, Ndlr) a bénéficié de mesures spéciales de la part du président de la République lui-même, et qui gardent intacts et entiers nos droits civiques et donc politiques.» Le chef historique de l'AIS, aussitôt cet obstacle dépassé au plan de l'interprétation, précise: «Si le ministère de l'Intérieur s'oppose à certains noms ou à la candidature de certains hommes, nous sommes prêts à discuter, à assumer et à acquiescer, et s'il s'oppose à toutes les candidatures, qu'il nous le notifie et en donne les arguments, et à ce moment, les choses seront claires, et chacun saura à quoi s'en tenir.» Finalement, Madani Mezrag a compris que les limites du «politiquement correct» actuel ne permettent pas d'aller plus loin que de mesure...