La liste aurait pu être plus longue, si certains membres du gouvernement ne s'étaient abstenus, forcés ou de leur plein gré, de s'investir dans le prochain scrutin. Inédit! La course à la députation a débuté. Les listes sont connues et les têtes de listes désignées. Dix-neuf ministres de l'actuel gouvernement, 15 du FLN, 2 du MSP et 2 représentant le RND, sont candidats aux législatives du 17 mai prochain. Une stratégie qui cache bien des intentions. C'est la première fois que, autant de ministres en activité se présentent à la députation. Aujourd'hui, sous le soleil du changement, au moins 19 ministres sont dans la course pour l'hémicycle de Zighout Youcef. Il s'agit, notamment, de Ziari à Alger, Boukerzaza à Jijel, Amar Tou à Oran, Khaldi à Annaba, Haïchour à Mila, Louh à Tlemcen, Barkat à Biskra, Khoudri à Batna, Benaïssa à M'sila, Djamel Ould Abbès à Aïn Témouchent, El Hachemi Djiar à Boumerdès, Mohamed-Nadir Hamimid à Tizi Ouzou, Rachid Harraoubia à Souk-Ahras, Tayeb Belaïz à Sidi Bel Abbès et El-Hadi Khaldi à El Oued. Dans l'espoir de s'assurer une victoire écrasante, le FLN a fait appel à d'anciens ministres, à l'instar de Mohamed-Seghir Kara, ancien ministre du Tourisme, qui convoitera les voix des électeurs de Bouira et de l'ex-ministre de l'Habitat, Abdelkader Bounekraf, tête de liste dans la wilaya de Tipasa. De son côté, le RND, membre de l'Alliance présidentielle, a jeté son dévolu sur deux ministres en activité, Yahia Guidoum, ministre de la Jeunesse et des Sports, tête de liste à Sétif, et Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale à Oum El-Bouaghi. Enfin, le MSP de Boudjerra Soltani a misé sur deux de ses ministres, Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, à Mila et Mustapha Benbada, ministre de la PME et de l'Artisanat, à Ghardaïa. La liste aurait pu être plus longue, si certains membres du gouvernement ne s'étaient pas abstenus, forcés ou de leur plein gré, de s'investir dans le prochain scrutin. Cependant, il y a lieu de retenir que les patrons des partis de l'Alliance présidentielle, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, et Boudjerra Soltani, du MSP, se sont abstenus de se présenter à ces joutes électorales. C'est aussi le cas de l'actuel président de l'APN, Amar Saâdani. Ce dernier aurait-il reçu l'assurance d'être reconduit ou bien d'être promu à un poste diplomatique? Seul l'avenir le dira. Ainsi, et c'est un secret de Polichinelle, le FLN semble croire en la crédibilité de ses ministres qu'il a alignés en bonne partie en tête de liste. Evoquant la désignation des ministres comme tête de liste et l'élimination de nombreuses figures marquantes du parti, Abdelaziz Belkhadem affirmait vouloir «mettre toutes les chances du côté» du FLN qui s'engagera «dans la bataille pour gagner». Il l'a d'ailleurs clairement martelé «Nous ferons un raz-de-marée.» La stratégie est simple. Démontrer la force de frappe des ministres-candidats dans leurs fiefs respectifs et même ailleurs. Comptent-ils sur un électorat inconditionnel, d'ores et déjà acquis à leur cause? Rien n'est moins sûr. Mais pour nombre de ministres, il s'agit de marchander leur(s) siège(s) au Parlement au chef de l'Exécutif avec beaucoup d'aisance. Car il, est clairement établi que le FLN court après une majorité à l'hémicycle pour bien manoeuvrer. La responsabilité des ministes-candidats à la députation est donc grande à cet effet. En cas d'échec, ils n'échapperont, assurément pas, au courroux de leur direction. C'est dire que si ces ministres se sont jetés dans la course à la députation, il s'agit d'abord de sauvegarder leur portefeuille de ministre, gagner davantage la confiance du président de la République et dans une certaine mesure, propulser des camarades politiques, surtout leurs suppléants. En outre, cette course effrénée est un présage à un remaniement ministériel. Dans le cas où les actuels ministres, critiqués par le président Bouteflika, ne seront pas reconduits, il vaut mieux s'assurer d'ores et déjà une place à l'hémicycle de Zighout Youcef. Mais dans le cas contraire, une nomination à un poste de ministre laisserait une place au suppléant au sein de l'APN. Ce qui donnerait toujours une majorité au parti aussi bien au gouvernement qu'à l'APN. Et c'est là le but recherché. Mais, en vérité, seront-ils à la hauteur de leur ambition et de la stratégie élaborée? Le soir du 17 mai prochain le révèlera. Pour l'heure, rien n'est gagné ni perdu à l'avance. Mais, force est de reconnaître que beaucoup de ministres-candidats n'ont pas de fiefs électoraux. Certains d'entre eux sont en train d'être découverts dans leur terroir. Une chose est au moins sûre, les législatives de mai prochain montreront, ou non, la popularité dont bénéficieraient les ministres qui prennent part aux joutes des législatives.