Un projet de loi appelé C11 risque d'être adopté par le Parlement canadien. Son premier objectif est de réduire le nombre d'étrangers sur son sol. L'immigration au Canada sera tout prochainement soumise à un processus de sélection qui répond à «un plan de sécurité». Du côté des officiels canadiens on s'appuie, essentiellement sur l'épisode Ahmed Ressam, l'Algérien arrêté à la frontière avec les Etats-Unis, bien avant les attentats du 11 septembre dernier. Du coup, le Sénat est invité à adopter «rapidement» le projet de loi baptisé C11. Le gouvernement canadien n'a pas hésité à affirmer que les pressions viennent des Washington. En effet, le pays de l'Oncle Sam n'a jamais manqué de montrer du doigt le Canada où il serait trop facile pour les terroristes d'y être reçus à titre de réfugiés. Approché, hier, un cadre de la représentation diplomatique du Canada à Alger a souligné que «pour le moment (avant l'application de la loi C11, NDLR) aucune restriction n'est appliquée sur le nombre d'immigrants algériens, mais aussi maghrébins, vers le Canada». Néanmoins, dira notre interlocuteur, «mensuellement une nouvelle nomenclature des profils professionnels des candidats à l'immigration au Canada est élaborée». Et de préciser que cette liste englobe pratiquement toutes les activités professionnelles dont les informaticiens sont les plus favorisés. Selon les dernières statistiques fournies par le ministère québécois de l'Immigration, sur les 220.000 nouveaux immigrants au Canada, 1720 proviennent d'Algérie, soit 5.9%. Il faut ajouter à ce chiffre le cas des personnes provenant de France dont plusieurs d'origines algériennes. Par ailleurs, il paraît qu'une polémique autour du projet de loi C11 est, d'ores et déjà, engagée par le classe politique canadienne. A ce propos, l'opposition a estimé que «le gouvernement devrait réévaluer le projet de loi pour des raisons d'urgence». Elle a appelé, par ailleurs, à une concertation en comité pour étudier si des amendements sont nécessaires. Pour sa part, la ministre canadienne de l'Immigration, Mme Elinor Caplan, qui plaide pour l'application de la loi, a déclaré que cette dernière permettra de «refuser l'accès au système de reconnaissance de statut de réfugiés pour quiconque est soupçonné de représenter une menace à la sécurité». Plus clairement encore, Mme Caplan a expliqué que cette loi «réduira les possibilités d'appel de façon à renvoyer un individu au Canada plus rapidement». Ces mesures contenues dans la loi C11 constituent, selon la ministre, «la politique de répondre efficacement pour assurer la sécurité des Canadiens». En filigrane, cela signifie non seulement que la sélection des candidats obéira dorénavant à des mesures plus strictes, mais également que ceux qui s'y sont déjà installés risquent d'être renvoyés à tout moment, une fois la loi adoptée. Il va de soi que les Algériens, établis au Canada ainsi que ceux qui projettent de s'y rendre, ne dérogent pas à la règle.