La ressemblance du discours politique adopté par les candidats à l'Elysée, complique davantage la donne aux électeurs. A quinze jours du premier tour de la présidentielle, les Français restent toujours sceptiques. Malgré une palette variée composée de douze candidats de différentes couleurs, le choix du futur président parait l'exercice le plus difficile pour la majorité des Français. «Voter à gauche ou à droite ou plutôt opter pour le centre?» Telle est, en effet, la question qui tracasse sans cesse les électeurs français. Ces derniers se retrouvent égarés quant au choix du candidat idéal, capable de gérer les affaires de l'Elysée et de répondre à leurs aspirations. Pourtant, les candidats à la course présidentielle ont investi le terrain avant même que la campagne ne soit officiellement lancée. Ces derniers sillonnent tous les coins du pays à la recherche de voix. Des meetings, des conférences de presse sont quotidiennement tenus un peu partout pour réveiller l'électorat dormant. En plus des meetings, les candidats envahissent les médias de la télé pour expliquer leur programme politique. Cependant, cet exploit est loin de donner l'écho escompté sur le terrain. L'électorat n'a jamais été aussi volatil. Déçue par l'échec des responsables politiques à répondre aux préoccupations socioéconomiques, la population française éprouve du mal à se réconcilier avec le système politique. Preuve en est, le taux d'abstention en évolution ces dernières années démontre que la rupture entre le peuple et l'Etat est plus profonde qu'on ne l'imagine. Un autre élément de taille qui traduit ce désarroi, ce sont les sondages. L'évolution rapide des intentions de vote d'une semaine à l'autre explique parfaitement la crainte des Français. Ces derniers passent d'un candidat à l'autre non pas en fonction des enjeux du scrutin mais de l'actualité, des thématiques abordées, des phrases, des réparties et des prises de position. Il faut reconnaître que la ressemblance du discours politique adopté par les candidats prétendants à l'Elysée, en particulier les trois grands candidats, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou, complique davantage la donne aux électeurs. De la droite à la gauche, en passant par le centre, ce sont les mêmes questions qui reviennent toujours avec une légère divergence sur le fond. A la différence des scrutins présidentiels précédents, aucune ligne de force indéniable ne ressort. Selon les derniers sondages, François Bayrou, qui connaissait une baisse des intentions de vote en sa faveur au cours des trois dernières semaines, se remet à monter. Ségolène Royal, qui disposait d'un potentiel électoral plus élevé, baisse au premier tour, sans pour autant voir son score de second tour évoluer. Jean-Marie Le Pen progresse dans un contexte de demande de plus de sécurité et d'une campagne connaissant des invectives personnelles. Jusqu'à présent, rien n'est assuré ni pour le premier tour...ni pour le second, d'ailleurs. Aucun des quatre candidats en tête des intentions de vote ne peut être assuré d'être présent au second et encore moins d'être élu président de la République. Le scénario de 2002 est encore frais dans la mémoire des Français et en particulier des candidats à l'Elysée. En 2002, les Français avaient arrêté leur décision dans la dernière semaine sur la base d'enjeux clairement établis. Cette fois- ci, il en sera probablement de même, tant les enjeux sont moins définis et dans un contexte où chaque événement aura des conséquences importantes sur les intentions de vote. En attendant le 22 avril, cette campagne promet beaucoup de surprises.