L'école technique algérienne sera fermée aujourd'hui et demain, une grève contre sa «mise à mort». Les enseignants des lycées techniques et technicums débrayent pendant deux jours, à commencer d'aujour-d'hui. Ce bras de fer entre les professeurs et le département de Boubekeur Benbouzid marque un signe réel de mécontentement. La Coordination nationale des lycées techniques et technicums a appelé à une grève de deux jours contre le risque que fait peser le ministère de l'Education nationale sur l'enseignement technique. Explications: l'école technique devrait, se référant à la nouvelle théorie du ministère, grandir dans les bras d'El Hadi Khaldi, ministre de la Formation professionnelle. Ainsi, l'annonce du transfert de l'enseignement technique au minitère de la Formation professionnelle a provoqué les foudres des enseignants de l'Ecole technique. Contacté hier par nos soins, Sabali Mohamed, secrétaire général du Syndicat des travailleurs de l'éducation et de la formation professionnelle (Satef), tempêta bruyamment au motif que l'Ecole technique ne doit pas être «clochardisée» et mise sur une piste incertaine. Membre de la Coordination nationale des lycées techniques et technicums (Cnltt), le Satef se réclame d'ores et déjà partie prenante de cette protestation. «Nous soutenons et nous sommes partie prenante de cette grève». A en croire les syndicalistes de la Cnltt, l'Ecole algérienne fait face, de nouveau, à une expérimentation aux contours flous. Cette épreuve intervient, notent-ils encore, après l'échec, il y a quelques années, du Bac professionnel. Le comble, c'est que «ni les parents d'élèves, ni les représentants des enseignants n'ont été invités au laboratoire», regrettent de leur part, Ider Mohamed et Abdelkrim Boudjenah, respectivement responsable de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation professionnelle (Unpef) et porte-voix du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (Snte). Le débrayage annoncé aujourd'hui et demain sera accompagné, d'après Sabali Mohamed du Satef, par des rassemblements à travers le territoire national. Y a quand même une confusion dans l'air. Abdelkrim Boudjenah du Snte a fait savoir que le transfert de l'Ecole technique vers la Formation professionnelle a été ajourné, sur décision du ministre de l'Education nationale. Toutefois, les autres syndicats, membres de l'Unltt, montent déjà au front, y voyant une mise à mort de l'école technique. «Le ministre veut aller, carrément, vers le fait accompli», pense Sabali Mohamed, soulignant la détermination des enseignants à aller jusqu'au bout de leur combat. Quoi qu'il en soit, l'Ecole algérienne donne encore l'impression de constituer un véritable jardin d'essais. Le CLA, le Cnapest, l'Unpef et le Satef se plient à une campagne contre «la clochardisation de l'Ecole technique». La Formation professionnelle, la nouvelle tutelle de l'Ecole technique, peine déjà à insérer les exclus du système éducatif. Cela donne un avant-goût de ce que sera l'avenir de l'Ecole technique sous la tutelle d'un secteur jugé «allergisant». D'où l'impossibilité, selon Mohamed Ider, d'aller vers cette nouvelle expérimentation qui «s'avère être à haut risque». De son côté, le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) considère que «cet acte, à la fois absurde et aberrant, est contredit par la place qu'occupe cet enseignement dans d'autres pays». Dans un communiqué diffusé en soutien aux grévistes, le CLA pense que le transfert des lycées techniques et technicums à des établissements d'enseignement général est synonyme à d'une «volonté d'anéantir l'esprit d'industrie et compromettre l'avenir de l'enseignement technique, base préalable à tout développement économique de notre pays». Côté ministère, nos efforts de joindre les responsables concernés ont été voués à l'échec. «Les responsables sont occupés par les préparatifs d'un séminaire», annonce-t-on tout bonnement.