Le chef de file des fidèles du cheikh Nahnah a bel et bien revu son langage. Boudjerra Soltani parle encore de la corruption, un sujet qui lui a valu un sérieux casse-tête. Mais cette fois-ci c'est pour se rétracter et se refaire une virginité. «Il faut corriger l'idée selon laquelle le gouvernement est responsable de la corruption», a fait savoir, hier à Alger, le président du MSP. L'Exécutif n'est qu'une instance, parmi d'autres, de l'Etat algérien, laissa entendre encore le successeur du défunt cheikh Nahnah. Après avoir ouvert les hostilités inattendues avec des instances de l'Etat, mais aussi avec ses collègues du gouvernement, Boudjerra Soltani tente de calmer le jeu. Il y a quelques semaines, Boudjerra Soltani déclarait être détenteur de dossiers de corruption impliquant de hauts responsables de l'Etat. La colère allait crescendo avant que le premier magistrat du pays, en personne, intervienne afin de remettre «le révolté du gouvernement» à sa place. Le chef de file du MSP a bel et bien revu son langage. «Tout le monde est responsable de la corruption en Algérie, mais à chacun sa part et le degré de sa responsabilité», déclara Boudjerra Soltani, laissant planer moult questionnements au sujet de son nouveau langage. Une seconde tentative de crever l'abcès: «Je suis content de voir le classement de l'Algérie en 2006 nettement meilleur que celui de l'année 2005 en termes de transparence», a souligné Boudjerra Soltani. La tournure inattendue de la polémique a-t-elle surpris le chef du MSP? Encore un énième correctif: «Notre initiative est strictement politique, nous avons voulu qu'elle soit politique et nous avons refusé qu'elle soit interprétée autrement.» C'est-à-dire que la montée au créneau de Boudjerra Soltani n'est, en fin de compte, nullement «une ingérence dans les affaires de l'appareil judiciaire et d'autres instances concernées». Désormais, Boudjerra Soltani se garde bien d'avoir la moindre parole désobligeante envers ses compagnons. La mise au point, en public, du chef de l'Etat est récente. Boudjerra Soltani affirme que l'objectif actuel de son parti est d'appuyer la volonté politique de juguler le problème de la corruption. «Nous adoptons carrément cette politique», a-t-il fait savoir, hier, devant quelques militants de son parti, réunis à l'hôtel Safir d'Alger. Mieux encore, le chef du MSP se veut une force de proposition. Il suggère, sur sa lancée, la création d'un réseau de presse nationale de transparence et de lutte contre la corruption. Il va jusqu'à revendiquer la révision du code de l'information et le statut du journaliste. En un mot, Boudjerra soltani veut voir la presse au premier carré de la lutte contre la corruption. «La lutte contre la corruption est plus rude que la lutte antiterroriste», déclara-t-il dans la foulée. L'enjeu, d'après le tribun, est de rétablir le lien de confiance entre gouvernés et gouvernants. Quant aux objectifs de cette bataille, il met en exergue l'instauration de la transparence, l'égalité des chances, de la protection des ressources de l'Etat et la promotion de la concurrence loyale.