La coalition gouvernementale sous sa forme actuelle survivra-t-elle au verdict du 17 mai? Quel avenir pour l'Alliance présidentielle après les élections législatives du 17 mai et à deux années de la fin du mandat de M.Abdelaziz Bouteflika? La coalition gouvernementale, constituée des trois partis (FLN, RND et MSP) partira à la conquête de l'APN en rangs dispersés, en revendiquant les réalisations positives partielles du plan de développement économique, initié par le président de la République. Une situation confuse. Tous les coups sont permis. Les trois chefs de partis, Belkhadem, Ouyahia et Soltani, ne se feront certainement pas de cadeau. La campagne, toute proche, sera, sans aucun doute, révélatrice des forces des uns et des autres. L'effervescence ayant animé la confection des listes, notamment au FLN, une fois retombée, ramènera à un peu plus de réalisme. Le chef de l'Etat aura toute latitude pour remettre les pendules à l'heure. Il serait surprenant que le président de la République, de surcroît président d'honneur du FLN, lâche, aussi facilement, son chef du gouvernement et secrétaire général du Front de libération nationale, au milieu d'une tempête qui, malgré tout, s'annonce passagère. M.Belkhadem a été le premier à soutenir l'idée d'une révision de la Constitution, souhaitée par le président de la République. Il a déclaré, sans ambages et sans faille, et a milité ardemment pour un troisième mandat de M.Bouteflika. Le chef du gouvernement semble être l'homme tout indiqué pour mener à bon port cette tâche qui, ne l'oublions pas, a été contestée par ses deux alliés et rivaux du RND et du MSP. On voit bien que si l'Alliance présidentielle s'articule autour d'un programme minimum commun de soutien au président, les appréciations sur certains grands projets de réformes divergent. Même si dans leurs dernières déclarations respectives, Soltani et Ouyahia affirment qu'ils ne vont pas se contenter du programme du chef de l'Etat, mais au contraire, vont faire des propositions concrètes à même de le consolider. Alors que M.Soltani parle de 60 propositions, le parti de M.Ouyahia compte apporter sa vision, notamment dans le chapitre économique. D'ailleurs, M.Ouyahia ne rate pratiquement aucune occasion pour tomber à bras raccourcis sur l'action du gouvernement qualifiée de «populiste». Ce ménage à trois continuera-t-il à fonctionner alors que l'affrontement sur le bilan du chef du gouvernement semble inévitable? La classe politique se donne en spectacle. La température ambiante n'affecte pas outre mesure le citoyen. Electeur en puissance dont la voix très prisée décidera de la configuration de la prochaine APN, il est pris par des préoccupations beaucoup plus terre à terre. Prix du lait, de la pomme de terre...En un mot, il regarde l'avenir en souhaitant qu'il soit le meilleur possible. Les législatives? Une échéance dans la vie politique du pays. Des lois seront votées. Les institutions existent, elles sont chargées de veiller à la pérennité de l'Etat. Pour une fois, les Algériens iront voter sans avoir la peur au ventre. La situation sécuritaire s'étant très sensiblement améliorée. Les partis politiques sont attendus cette fois-ci sur un autre terrain. Celui des préoccupations quotidiennes. A qui profitera le bilan jugé positif du gouvernement? Le programme a été soutenu par les trois partis de l'Alliance. Belkhadem, qui est à la tête d'une coalition gouvernementale, tirera-t-il les marrons du feu? La dette algérienne qui était à quelque 30 milliards de dollars, est passée à 4,7 milliards de dollars. Le prix du baril de pétrole flambe. Les chiffres officiels du chômage déclinent. A l'horizon 2009, on envisage la réalisation de 1 million de logements. La grève qui a secoué l'Université algérienne a pris fin. La crise du lait se dirige vers un dénouement heureux...Belkhadem aura, à son actif d'avoir défendu bec et ongles les augmentations de salaires. Une mesure ô combien populaire, contrairement à son prédécesseur qui a été toujours taxé d'homme des mesures impopulaires. En digne commis de l'Etat, il les a accomplies sans sourciller. Le troisième larron de l'Alliance a été vertement tancé par le président de la République sur le phénomène de la corruption et ses passages au sein de certains départements ministériels (travail, pêche) n'ont pas marqué les esprits. M.Belkhadem aura à gérer le mécontentement de ses militants en ce qui concerne la confection des listes des candidats à la députation. Les électeurs ne trancheront certainement pas sur la base d'une crise interne à un parti. Le FLN a certainement ses raisons que les plus fins observateurs auront à coeur de détecter. Le RND et le MSP, qui forment la coalition gouvernementale pour leur soutien au programme du président, parviendront-ils à s'émanciper d'une tutelle qui dit à peine son nom?