L'attentat, aux deux voitures piégées, a été perpétré par des kamikazes. Pas moins de dix morts et plus de trente-deux blessés, c'est le bilan provisoire de l'attentat suicide perpétré, hier vers les coups de 11h20, contre le commissariat de la division est de la police judiciaire de Bab Ezzouar. L'attentat, commis à l'aide de deux voitures piégées qui ont explosé simultanément, a été perpétré par des kamikazes. Selon des sources, l'un des kamikazes serait une femme. Des deux voitures à bord desquelles se trouvaient les «semeurs de terreur», il n'en reste qu'une. Calcinée, elle ressemble de près à une boîte de sardines broyée. L'autre voiture est introuvable. Elle est réduite à de petits à-peu-près de pièces détachées les unes des autres. A quelques pas du lieu de la première déflagration, on aperçoit les restes d'une fourgonnette carbonisée, appartenant à la Protection civile. La fourgonnette a été emportée par le souffle de la bombe, alors qu'elle roulait au moment de l'attentat. Les trois sapeurs sont morts sur le coup. Malgré cette situation insoutenable, leurs collègues continuent à faire leur devoir. Les fourgons jaunes frappés d'un bandeau noir, sirènes et gyrophares actionnés roulent à tombeau ouvert vers les hôpitaux de Zmirli, et celui de Rouiba. C'est au niveau de ces deux hôpitaux que les blessés recevront les premiers soins. Sur les lieux du drame, les éléments de la Sûreté nationale, assistés par ceux de la Gendarmerie, ont quadrillé la zone. L'accès y est quasiment impossible. La route menant vers la cité Ismaïl Ifsah ainsi qu'à l'Université des sciences et de la technologie de Bab Ezzouar est fermée à la circulation. De part et d'autre de la route, des éléments de la Protection civile activent. Il faut marquer ici un point, pour leur rendre un hommage appuyé. Ils ont vu trois de leurs collègues emportés par la forte déflagration. Le moral est à zéro. En dépit de leur état, ils continuent tout de même de faire leur devoir. Ici, l'horreur a atteint son paroxysme. Des flaques de sang, recouvertes de feuilles d'arbres, jonchent le sol sur un rayon de plus de 200 mètres. La sinistre mort est passée par là. Sur les sièges de certaines voitures, écrasées par l'explosion, on peut remarquer du sang encore frais. Selon certains témoins, les conducteurs se trouvaient à l'intérieur de leurs véhicules au moment du drame Ce qui laisse entendre que le bilan ne sera que plus lourd. L'odeur d'essence et de mazout émanant des voitures, complètement calcinées, se fait de plus en plus forte. Les débris de vitres et de verres, couvrent le chemin menant vers le commissariat. Ils crissent sous les pieds des passants. Sur les deux places respectives du sinistre, deux cratères d'une profondeur de près d'un mètre sont visibles. «Cela atteste de la forte puissance des deux bombes», fait remarquer un élément de la Police scientifique qui s'affaire à récupérer, sur le sol, quelques éléments susceptibles de l'aider dans son enquête. Ce qui confirme, en effet, ses dires, ce sont les dégâts occasionnés au commissariat ciblé par ce crime crapuleux. Le mur de clôture est à moitié défoncé. Les barreaudages d'en face, qui entourent une aire de jeu, qui se situe de l'autre côté de la route, sont détruits. Selon certains témoignages recueillis sur place, un enfant de huit ans, accompagné de sa maman, serait emporté par le souffle de la bombe. Nous accédons au parking du commissariat. Et là, on se rend vraiment compte de l'ampleur des dégâts occasionnés. Les trois façades du bâtiment de quatre étages sont défoncées. Les faux plafonds sont tombés. Le commissariat n'est que désolation, consternation et affliction. A l'intérieur du parking, les voitures qui s'y trouvaient, une soixantaine environ, sont toutes détruites. Les vitres sont brisées et les toits défoncés. C'est à croire qu'un poids de plusieurs tonnes leur est tombé dessus. à certains endroits, les voitures, notamment les petites cylindrées, sont entassées, les unes sur les autres. Le paysage est apocalyptique. Aussi, le comble de l'horreur de cette vue, ce sont les vêtements accrochés aux branches d'un arbre situé juste en face du commissariat de la division est de la Police judiciaire. De l'autre côté, c'est le bâtiment de la compagnie de la Gendarmerie nationale. Les fenêtres, défoncées par l'explosion, ne sont devenues que de larges trous béants. De toutes les façons, l'attentat perpétré contre le commissariat de Bab Ezzouar donne une idée claire et nette de la férocité des commanditaires de cet abominable acte. La force de frappe est telle que la panique a gagné toute la capitale.