La directrice de Terrorisc a aussi souligné l'urgence de consolider la coopération régionale et internationale contre le terrorisme. Directrice de Terrorisc, une structure de conseil sur les manifestations de violence liée ou non au phénomène du terrorisme international, Mme Anne Giudicelli s'est exprimée pour l'APS sur le double attentat qui avait ciblé, le 11 avril dernier, le Palais du gouvernement et Bab Ezzouar. Selon cette spécialiste des questions sécuritaires, le double attentat d'Alger «n'aura pas d'impact sur la dynamique de croissance économique et sociale de l'Algérie». Elle estime également que les derniers attentats à Alger sont la manifestation du «front maghrébin» du terrorisme international qui a ciblé «les symboles de l'Etat algérien» avec «l'intention d'isoler l'Algérie» sur la scène internationale. Mme Anne Giudicelli dit que «Al Qaîda et son antenne Gspc visent l'Algérie vue comme un vrai bastion de la résistance internationale au terrorisme mondial», du fait de ses principes politiques et de sa stratégie de développement, et que l'Algérie constitue «une menace pour l'extension du terrorisme international», a noté l'experte qui considère que les derniers attentats «ne pourront pas bloquer la dynamique économique algérienne ni les flux d'investissements vers le pays». Elle a, toutefois, estimé que «les investisseurs devront seulement prendre d'autres dispositions et s'approcher d'avantage des services algériens de sécurité pour une meilleure communication et information sécuritaire». Sur ce dernier point, Mme Giudicelli a estimé que «les services de sécurité algériens ont fait depuis une décennie du bon travail et ont, aujourd'hui, une grande expérience dans la lutte contre le terrorisme». La directrice de Terrorisc a aussi souligné l'urgence de consolider «la coopération régionale et internationale» contre le terrorisme. Sur ce plan, elle préconise qu'il faudra aussi définir «un nouveau type de coopération adapté aux nouvelles méthodes d'activisme terroriste». Mme Giudicelli, qui s'était exprimée dans les colonnes de L'Expression, il y a plusieurs semaines, avait déjà mis en garde contre les nouvelles capacités induites par la collusion entre le Gspc et Al Qaîda: «Cette nouvelle alliance signifie une mise en réseaux des moyens et des hommes, et une harmonisation des objectifs. La capacité militaire actuelle du Gspc ne semble pas encore avoir bénéficié de cette dynamique: les attentats récents revendiqués par le Gspc n'ont pas été réalisés avec l'aide d'armes plus élaborées que précédemment. Seuls les modes opératoires et les cibles témoignent de cette nouvelle donne. Sa capacité de renseignement a clairement gagné en sophistication, ce qui lui a notamment permis d'opérer sur des zones considérées comme sécurisées. La capacité en ressources humaines est, également, en hausse, comme l'atteste l'expansion de ses réseaux au Maroc et en Tunisie. Il est probable que les nouveaux moyens logistiques dont le Gspc pourra bénéficier, proviendront des ouvertures de ´´marchés´´ créés par l'entrée de nouveaux relais, extérieurs à ses réseaux traditionnels, dans son capital militaire. Autrement dit, de la mise en commun de systèmes d'approvisionnement en armes et en technologie déjà existants dans la mouvance extrémiste internationale, que son nouveau statut de branche d'Al Qaîda lui ouvre désormais». Spécialiste du monde arabe et musulman, Anne Giudicelli a été chargée de mission au ministère des Affaires étrangères pendant neuf ans sur les questions de la région, à Paris comme à l'étranger. Après les attentats du 11 septembre 2001, elle y a assuré le suivi et l'analyse des dossiers relatifs au terrorisme et à l'islamisme dans les pays du Moyen-Orient et du Maghreb jusqu'à l'été 2004, avant de créer sa structure de conseil, Terrorisc. Elle a séjourné dans la plupart des pays arabes (où elle a appris la langue) et notamment dans le Maghreb et la péninsule du Golfe, comme reporter puis comme représentante de l'Etat. Elle était auparavant journaliste d'investigation dans la presse française et a, notamment, écrit un ouvrage/récit consacré aux phénomènes de violence dans les banlieues françaises: La Caillera, aux éditions Jacques Bertoin, 1991, dont elle a publié une version réactualisée en mai 2006 à la suite des émeutes de l'automne 2005 (La Caillera...Cette France qui a peur éd. Jean-Claude Gawsewitch). Pour s'être pendant longtemps intéressée aux groupes armés algériens, elle passe aujourd'hui pour un des spécialistes les plus sérieux sur ces questions.