«La pétition regroupe 231 signatures sur 4400 candidats mécontents; vous voyez?», interroge-t-il. On a vu un Belkhadem tout sourire faisant face à une grappe de journalistes déchaînés. Ils posent des questions embarrassantes, parfois débiles ou piégées. Mais il garde le sourire, sans fléchir jusqu'à la fin de l'émission. Il a imposé sa stratégie depuis le début; désamorcer, éviter la confrontation et les redites, asséner ses certitudes puis couvrir, en fin de parcours, par l'habillage sémantique qui sied. La question de la maladie du président qui devait secouer tout autre personne à sa place a été accueillie par un large sourire et un «vous l'avez vu à la télévision», en attendant que Bouamama arrive à la rescousse en évoquant sa visite à Constantine. Puis les vieux apparatchiks qui ont «un pied dans la tombe» et qui risquent de trépasser «avant les élections», question à laquelle Bouamama répond par: «Que Dieu leur accorde longue vie.» Mais lorsqu'elle voit que le journaliste traîne un missile, elle le freine au bon moment en trouvant toujours la bonne parade. Les manifestations de colère de la base du parti en raison des listes ne le gênent pas. Mieux, il rappelle aux journalistes qu'ils n'ont pas posé la question qu'il fallait poser et de répondre: «La pétition regroupe 231 signatures sur 4400 candidats mécontents; vous voyez? Cela ne représente qu'un infime taux.» A la question relative aux recours qui ont disqualifié certains militants, il répond par une réponse préparée à l'avance mais qui est fausse vis-à-vis de la loi électorale. Quand un seul recours permet le changement de toute une liste, il faut vraiment avoir l'audace de répondre en cochant les cases vides. Il faut dire qu'il a gagné des points importants dans son show télévisé. Il a réussi à faire admettre, chez l'opinion publique, sa suprématie sur le prochain scrutin puisque «tous les partis s'accordent à dire que le FLN sera premier; en tout cas personne ne le conteste», dit-il. Il a réussi à étouffer les voix des contestataires, en répétant: «Les militants déçus se fâchent mais prennent part à la campagne électorale une fois la colère passée». L'Algérie est, d'est en ouest, un grand chantier. L'autoroute, les chemins de fer, les constructions dans le secteur du bâtiment, etc. Le chômage est descendu à 12% alors qu'il était de 30%, il y a quelques années. Le contrat de Rome? Il répond que «certains font de l'informel en politique alors qu'ils ne sont même pas agréés. Que dois-je répondre à quelqu'un qui ne peut pas tenir son congrès dans une cabine téléphonique?» Belkhadem reconnaît qu'il y a un déficit en matière de communication. L'accès à l'information est maigre. Il annonce, à l'occasion, que l'amendement du code de l'information sera à l'ordre du jour après l'installation de la nouvelle assemblée. Il ne s'oppose pas à l'ouverture de l'audiovisuel au capital privé. Cependant, la situation sociale n'est pas très gaie. Mais qui s'opposerait à l'augmentation des salaires? Ses détracteurs n'ont qu'à prendre leur mal en patience. Aux jeunes chômeurs, il offre son optimisme. «L'espoir est énorme». Il saisit l'occasion pour avertir les animateurs de campagne: «Ne faites pas de promesses que vous ne pouvez tenir; ne répondez pas à la provocation; n'agressez pas les autres.» Il en appelle au sens du civisme qui a déserté l'espace politique depuis des lustres. Belkhademn parle vrai même si on n' est pas obligé de croire tout ce qu'il dit.