Le candidat Abdelaziz Bouteflika a récolté plus de trois millions de signatures d'électeurs et plus de 5 000 paraphes d'élus et va faire sa campagne lui-même. Ce sont les annonces faites par Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et actuel président de l'Alliance présidentielle, lors de son passage samedi soir sur le plateau du forum de l'ENTV, qui a changé de look depuis sa nouvelle version, celle de 2009. Venu sous la double casquette de chef de parti et de dirigeant soutenant la candidature de Abdelaziz Bouteflika, le représentant personnel du chef de l'Etat se sait en terrain conquis : il a répondu -sinon ressasser à défaut de nouvelles annonces- avec une aisance décontractée aux questions des journalistes (moins nombreux que d'habitude). Une aisance qui prend parfois la forme de provocation, à l'image de cette allusion aux opposants au président de la République qui parlent de jeu fermé : «Le président Bouteflika est connu de tous. Cela fait 10 ans qu'il dirige le pays, en plus de son bilan qui parle de lui… mais où est le jeu fermé ?» A part ces allusions, Abdelaziz Belkhadem s'est montré beaucoup plus confiant quant à l'issue du scrutin, et ne semble même pas se soucier de la composante de la direction de campagne, issue en majorité du RND. «Peu importe la composante, l'essentiel étant de faire gagner notre candidat», s'est contenté de répliquer le chef du FLN à qui des militants reprochent le fait de ne pas figurer dans l'équipe de campagne de celui qui est porté par leur parti. Le même argument –ou presque- est avancé lorsqu'on interroge Belkhadem sur la casquette politique du candidat Bouteflika qui préfère partir en bataille en «candidat indépendant» (ce qui est différent de «candidat libre», selon l'invité de Soraya Bouamama) : «Nous n'avons pas exigé qu'il soit notre candidat ; cela n'empêche, nous le soutenons. Mais le plus important pour nous, c'est qu'il gagne l'élection.» A défaut de faire dans la politique, puisque confiant que le pari est gagné, le secrétaire général du FLN a plutôt préféré la démonstration de force arithmétique : les trois partis de l'Alliance présidentielle et les organisations de masse ont récolté plus de 3 millions de signatures citoyennes, en plus de 5 000 émargements d'élus, alors que le postulant peut se suffire de 75 000 formulaires d'électeurs et de 600 cautions d'élus. Mais chez les partisans de Bouteflika, autant faire les choses en grand, tant que les moyens existent. Le même optimisme est de mise, lorsque Belkhadem parle de questions purement partisanes. A ses yeux, il n'y a pas de crise au FLN et, si débat il y a, «c'est juste une preuve de bonne santé démocratique du parti», a-t-il soutenu tout en affirmant –et c'est une première- que le FLN «est contre la peine de mort». Il a justifié cette position par ses penchants religieux, même s'il se défend d'être islamiste. «L'islam n'est le monopole de personne», a-t-il répliqué à ceux qui le cataloguent dans le courant islamiste. Toujours dans le registre partisan, Abdelaziz Belkhadem a affirmé que le 9ème congrès ordinaire de son parti se tiendra «dans les délais» et qu'un comité de préparation sera installé juste après la présidentielle. L'actuel secrétaire général donne, en revanche, un avant-goût de ce que sera ce rendez-vous organique : «Je suis, personnellement, favorable au retour aux anciennes structures, c'est-à-dire bureau politique et comité central», a-t-il dit. A. B. Réouverture des frontières avec le Maroc : les conditions de l'Algérie «La fermeture des frontières algéro-marocaines ne relève pas de la seule responsabilité de l'Algérie.» Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du chef de l'Etat, a réitéré, samedi soir sur le plateau du Forum de l'ENTV, la position de l'Algérie par rapport à l'épineuse question de la fermeture des frontières entre l'Algérie et le Maroc.Pour l'ancien chef de gouvernement, qui a d'ailleurs rappelé la polémique l'ayant opposé l'an dernier aux responsables marocains, le problème est désormais du côté marocain. «On avait accusé, à tort, l'Algérie d'être derrière les attentats de Marrakech […] Cessons donc de dire que c'est l'Algérie qui refuse d'ouvrir les frontières», a-t-il insisté, énumérant les conditions pour une ouverture des frontières : «On doit d'abord s'entendre sur un certain nombre de questions, entre autres, la contrebande, le terrorisme, le trafic de drogue, etc.» Belkhadem a également réitéré la position de l'Algérie concernant la question du Sahara occidental. Au sujet de l'agression contre Ghaza, il a critiqué, en des termes acerbes, le secrétaire général de la Ligue arabe. «J'ai parfois honte d'appartenir à un ensemble où celui qui est chargé d'incarner l'action arabe commune, le secrétaire général de la Ligue arabe (Amr Moussa, ndlr), n'est pas allé au sommet de Doha pour assister ensuite à celui de Charm El Cheikh, beaucoup plus atlantiste. Pis, il n'a même pas eu le courage de quitter sa chaise à Davos, alors que des Européens l'ont fait […]», a stigmatisé l'ancien chef de la diplomatie. A. B.