Les hommes politiques appréhendent une baisse du taux de participation. Confirmation ou surprise? Les Français sont appelés à élire, aujourd'hui, le successeur de Jacques Chirac. Motivés par la dynamique des résultats du premier tour, 31,5% pour Nicolas Sarkozy et 26% pour Ségolène Royal, la gauche et la droite disputent leur dernière épreuve avant le résultat final. D'ores et déjà, le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy émerge en favori. L'ancien ministre de l'Intérieur arrive toujours à la tête des sondages. La dernière livraison le donne favori avec plus de 53%, soit 6% de plus que son adversaire. Toutefois, ce scrutin intervient dans une conjoncture politique pleine d'incertitudes. Autrement dit, des vagues d'interrogations accompagnent ce dernier round. Le débat télévisuel du 2 mai, a-t-il changé l'opinion des Français? En faveur de qui? Quel choix pour les centristes? L'appel au boycott lancé par Le Pen trouvera t-il écho? Le taux de participation va-t-il augmenter ou baisser? Chaque réponse pèsera lourd dans le choix d'aujourd'hui. Jamais un débat des deux finalistes n'a été un élément de choix pour les Français. La presse française rapporte, néanmoins, qu'une telle confrontation pourrait transférer au maximum 200.000 voix d'un camp à un autre. Pour cette élection, les Français ont jugé, d'après Opinionway, que le candidat de l'UMP est le plus convaincant. Après avoir choisi de ne pas choisir, le centriste François Bayrou a confirmé qu'il «ne votera pas Nicolas Sarkozy» contredisant ses propres députés qui ont affiché ouvertement leur penchant pour Sarkozy. La déclaration du leader de l'UDF a été accueillie avec satisfaction à Solferino (siège du PS). «Je ne crois pas que François Bayrou puisse s'abstenir. Je pense que les choses sont subtilement dites,» a annoncé Mme Royal lors de son meeting à Lille. La déclaration de Bayrou serait-elle un message à ses électeurs? Pas forcément. «Je ne donne aucune consigne à mes électeurs», a précisé Bayrou, la semaine passée, laissant ainsi libre choix à sa base. Pour la majorité des centristes, le choix est fait. Les derniers sondages publiés avant-hier, révèlent 40% des électeurs du centre ont l'intention de voter Mme Royal et 35% Sarkozy, le reste préfère le nul ou l'abstention. En outre, la candidate socialiste peut compter sur les voix dispersées de la gauche «plurielle». Cette dernière totalise, tous partis confondus, 13% des suffrages exprimés lors du premier tour. Un fort apport pour Mme Royal. L'autre facteur ambigu est bien le vote de l'extrême droite. Le leader du Front national a appelé, mardi, ses militants à «s'abstenir massivement» aujourd'hui, renvoyant dos à dos Nicolas Sarkozy «l'illusionniste» et Ségolène Royal, un choix «dangereux». L'appel de Le Pen risque de ne pas trouver d'écoute. Les enquêtes d'opinions menées dans les rangs de ses militants ont montré que plus de 65% des lepénistes voteront aujourd'hui pour Sarkozy. Déjà, par deux reprises et dans des situations similaires, les frontistes ont voté pour la droite. Lors du second tour de l'élection de 1988, qui avait opposé Jacques Chirac à François Mitterrand, 65% des électeurs frontistes avaient voté, selon la presse locale, pour Jacques Chirac. Idem en 1995, lorsque 50% des électeurs de Le Pen ont rallié la droite. Dans ce sillage, la classe politique appréhende que le taux de participation chutera ce soir, par rapport à celui du 22 mai. Explication: l'appel au boycott de Le Pen, les électeurs de Bayrou, dont quelques uns n'ont pas l'intention de voter et les indécis, peuvent ramener à la chute, le taux à moins de 85% enregistré, il y a 15 jours. Enfin, la France dévoilera, ce soir, le visage de son 6e chef d'Etat depuis 1965 et la désignation du président au suffrage universel.