L'Europe se mobilise pour faire face à ce phénomène transnational. Le Conseil d'association Algérie-Union européenne se tient, aujourd'hui, au Luxembourg. A l'ordre du jour, l'évaluation de la coopération entre les deux partenaires liés par un accord d'association global et l'élargissement de ce même accord aux dix nouveaux membres de l'UE. Reste que le point nodal de cette rencontre, qui sera suivie de très près par les observateurs, a trait à la création d'une commission chargée de la coopération dans des domaines sensibles relatifs au terrorisme et au blanchiment d'argent. Cette nouvelle instance a fait l'objet de concertation dans les coulisses durant plusieurs mois, selon une récente déclaration de M.Wolfgang Plasa, ambassadeur de la Commission européenne à Alger. Ce dernier lie cette démarche à la nécessité pressante de renforcer la coopération entre l'Algérie et l'Europe en matière de lutte contre le terrorisme. Les attentats du 11 avril ayant ciblé la capitale algérienne, revendiqués par la branche Al Qaîda pour le Maghreb et les menaces qui se profilent à la porte de l'Europe seront débattus par le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui et son homologue allemand, M.Frank-Walter Steinmeier, et ce, après les informations communiquées par la presse espagnole faisant état d'une crainte des services secrets ibériques d'une attaque terroriste islamiste d'Al Qaîda en Espagne, mais aussi en France où la nébuleuse terroriste pourrait passer à l'action avant le deuxième tour de l'élection présidentielle, le 6 mai. Cadena Ser, la radio privée espagnole, proche du pouvoir socialiste, affirme avoir eu ces informations après avoir eu accès au dernier rapport des services secrets sur les activités d'Al Qaîda, rédigé après les attentats d'Alger, le 11 avril. De son côté, El Pais cite des informations récentes des services de renseignements (CNI) selon lesquelles l'organisation Al Qaîda pour le Maghreb s'emploie à récolter des fonds en Espagne et à recruter des activistes pour les envoyer en Irak et dans des camps d'entraînement en Afrique. El Pais précise, enfin, que la France et l'Espagne étudient, de concert, les moyens par lesquels le groupe lié à Al Qaîda finance ses activités sur leurs territoires respectifs. Notons que l'Algérie est liée par plusieurs accords d'extradition avec des pays européens. Cela s'est traduit par l'extradition de plusieurs personnes liées à des réseaux de financement du terrorisme. L'Europe, donc, se mobilise pour faire face au terrorisme. De son côté, le Conseil de l'Europe (CE) organisera, demain à Strasbourg, une conférence internationale de deux jours sur les causes du terrorisme. Quelque 250 participants prendront part à cette conférence internationale, dont des experts de 46 Etats membres du CE et des représentants d'institutions et ONG internationales (ONU, l'Alliance des civilisations, le Club de Madrid, la Conférence mondiale des religions pour la paix). Ils tenteront de comprendre la stratégie d'Al Qaîda pour le Maghreb et de formuler des réponses nouvelles pour lutter contre ce fléau transnational. La conférence, intitulée «Le terrorisme pourquoi?», s'articulera autour de trois thèmes principaux, notamment la recherche d'un équilibre entre l'intégration et le respect de la diversité culturelle en Europe, et les raisons de la propagation du terrorisme et les mesures préventives. Sur un plan plus général, le CE indique que les débats porteront sur les actions à mener sur les causes du terrorisme dont celle visant «à affaiblir certains facteurs alimentant le terrorisme à travers le dialogue interculturel et interreligieux».