La situation n'est pas encore réglée, ce qui a poussé Sidi-Saïd à aller frapper aux portes de Tayeb Louh. Le patron de l'Ugta et le ministre du Travail et de la Sécurité sociale se sont rencontrés, lundi soir, afin de juguler le récurrent casse-tête des salaires impayés. C'est ce que nous avons appris, hier, auprès de Salah Djenouhat et Abdelkader Malki, secrétaires nationaux de l'Ugta, chargés respectivement de l'organique et des affaires générales. Ce problème traînait depuis des mois, comme un boulet au pied. Il a fallu, une fois de plus, que le partenaire social bouge pour que le ministre en charge se mette à la besogne. Au mois de janvier dernier, entre 18.000 et 20.000 employés, tous secteurs confondus, y compris le privé, n'ont pas perçu leurs salaires. La situation n'est pas encore réglée, ce qui a poussé Sidi-Saïd à aller frapper aux portes de Tayeb Louh. La tâche est-elle difficile à ce point? Pourtant, une commission interministérielle avait été, rappelons-le, installée afin de prendre en charge le problème des salaires impayés. Cette même commission n'a rendu -jusqu'ici- aucun compte, tandis que Tayeb Louh, interrogé à maintes reprises par la presse, n'a cessé de dire que le dossier est pris en charge. Selon un précédent diagnostic évaluatif de Salah Djenouhat, le chiffre des 20.000 salaires impayés était de 43.000 avant de passer à 35.000. Les travailleurs du secteur du textile et du bâtiment sont les plus touchés, avec une proportion de 10.000 salaires impayés, soit 50% du total. Joint, hier, par téléphone, Salah Djenouhat s'est gardé de se noyer dans le langage des chiffres. Il a annoncé, tout bonnement, qu'il n'est pas au courant du dernier chiffre et, par ricochet, la proportion actuelle du phénomène. Notre interlocuteur a infirmé l'information selon laquelle des SGP aient rencontré l'Ugta pour tenter de régler le problème des salaires impayés. A quelques jours des législatives du 17 mai, l'Ugta, dirigée par un secrétariat national exclusivement RND, sait que certains militants risquent d'être sensibles aux sirènes d'autres partis. Le FLN de Tayeb Louh veut-il jouer cette carte? L'enjeu est de taille! Même si Sidi-Saïd avait déclaré que ce blocage n'est pas d'ordre politique, il n'en demeure pas moins que la marge des hypothèses reste permise. Si ce n'est une vérité. Surtout lorsqu'on sait que tout le staff FLN de l'Exécutif est appelé, contre toute logique, à s'impliquer dans la campagne des législatives. Une politique à l'envers. L'on s'interroge si l'Etat cessera de fonctionner une fois que tous les ministres seront en campagne officielle? Pour revenir à la question des salaires impayés, le tête-à-tête entre Sidi-Saïd et Tayeb Louh intervient après des mois de silence. Le dernier bruit date de la fin du mois de décembre 2006. De son côté, Abdelkader Malki, secrétaire national chargé des relations générales, confirme que la proportion tourne encore autour de 20.000 salaires impayés. «Je crois qu'il y a une bonne volonté de régler définitivement ce problème», nous a-t-il expliqué. Selon lui, «cette question a été reposée par le secrétaire général de l'Ugta au ministre du Travail» et fera objet d'un règlement proche. «Ça va se faire bientôt», laissa entendre encore le chargé des affaires générales de l'Ugta. C'est un ouf de soulagement chez une certaine catégorie de travailleurs. Pourvu que ça va aboutir cette fois-ci. D'autres catégories, plutôt l'ensemble des travailleurs, sont laissés à leur soif. L'augmentation des salaires promise par le gouvernement et le patronat, le mois de septembre 2006, est loin d'être chose due.