Contrairement au vieux parti, fragilisé par la crise dite des listes de candidatures, le parti de M.Ouyahia a su tirer son épingle du jeu. Le «la» sera donné ce matin à la campagne électorale. La compétition sera serrée. Les principaux animateurs des prochaines joutes électorales, à savoir le parti du FLN et le RND affûtent leurs armes et affinent leurs stratégies pour séduire l'électorat. Les partis de Belkhadem et de Ahmed Ouyahia sont attendus sur plusieurs dossiers. Cependant, contrairement au vieux parti fragilisé par la crise dite des listes de candidatures, le parti de M.Ouyahia a su tirer son épingle du jeu. Pourtant, même au RND, c'est son secrétaire général en personne, qui a avalisé les listes, à une seule différence qu'au sein de cette formation la discipline militante a prévalu. Plus grave, le recours par la direction du vieux parti aux commissions locales de soutien au programme électoral du FLN, est révélateur d'un malaise profond, que la direction de M.Belkhadem ne veut pas admettre. C'est cet «atout» que la formation de M.Ouyahia ne manquera pas d'exploiter à son avantage, en allant chasser sur le terrain du FLN, et pourquoi pas «récupérer» les mécontents et les indécis. C'est sous le slogan «espoir et efforts pour garantir la stabilité nationale» que le parti de M.Ouyahia ouvre, aujourd'hui, la campagne électorale. Avec ses 140 propositions, il compte apporter un plus, d'autant plus que l'auteur de ce programme électoral n'est autre que le secrétaire général du parti, qui, soit dit en passant, a dirigé l'Exécutif à deux reprises. Des propositions «destinées à accroître les fruits du programme présidentiel, car nous sommes aussi une force de proposition.» «En 2002 déjà, nous avons soumis des propositions dont un grand nombre sont devenues des réalités dans le développement national.» souligne le programme du RND. Par ailleurs, lors de son passage au Forum des chefs d'entreprise, Ouyahia estime que les propositions d'accompagnement du programme présidentiel, élaborées par le parti, visent à «rentabiliser» ce programme. Autrement dit, l'actuel gouvernement à majorité FLN n'a pas concrétisé les objectifs que s'est assigné le programme de M.Bouteflika. Ainsi, Ahmed Ouyahia se pose donc en alternative, en proposant des mesures plus pragmatiques, à même de donner un coup de fouet aux projets de développement. «Au RND, nous considérons qu'une campagne électorale est l'occasion d'ouvrir des débats et de plaider ce que nous croyons utile pour l'intérêt national.» lit-on sur le programme du parti. Evitant de verser dans le triomphalisme, comme c'est le cas pour ses partenaires de l'Alliance, le FLN et le MSP où chacun y va de ses pourcentages, Ouyahia se contente d'affirmer que son parti fera un score «nettement meilleur» que lors des législatives de 2002. Certains observateurs, au vu du programme constructif et réaliste du RND, n'écartent pas qu'il crée la surprise. Tout en restant fidèle au programme du chef de l'Etat, M.Ouyahia veut apporter un plus, à même de permettre à ce même programme d'être plus efficace. Une position qui se veut un acte de loyauté envers le chef de l'Etat. D'ailleurs, en critiquant le discours démagogique et populiste du gouvernement, notamment sur la question des salaires, de la stratégie industrielle et de la gestion de la situation sécuritaire, M.Ouyahia se veut constructif. Au volet sécuritaire, l'homme a gardé sa cohérence. De la loi sur la Rahma dont il fut l'initiateur à la réconciliation nationale, les positions de M.Ouyahia, par rapport au terrorisme et à l'islam politique, sont restées les mêmes. Il se revendique même d'être un éradicateur, mais du terrorisme. Là aussi, il refuse que l'on justifie le terrorisme par la misère sociale, comme ont tendance à le suggérer certains partis, à l'image des formations islamistes. En tant que commis de l'Etat convaincu, Ouyahia est, avant tout, un homme qui assume ses choix et honore ses engagements, même au détriment de sa popularité. Ce qu'il a fait, à l'époque des ponctions sur salaires, reflète clairement l'une des «facettes» de la gestion des affaires publiques. Cette opération, après avoir soulevé un tollé général au sein de la classe politique et de la société, s'est vite transformée en aubaine. Tous ceux qui furent «ponctionnés» ont été remboursés jusqu'au dernier sou, et même avec 10% d'intérêts. «Certains auraient souhaité que la ponction ait été plus importante» lance sur un ton ironique, Ahmed Ouyahia lors de son passage au Forum de la télévision. Le retour en force du RND serait prévisible, indique-t-on de sources proches du parti. Même M.Ouyahia n'avait pas caché cette ambition. «Nous ferons mieux qu'en 2002» martèle-t-il. Il est donc permis de supposer qu'au vu de son programme pragmatique et de la crise qui ronge le FLN, le parti de M.Ouyahia pourrait, le soir du 17 mai créer la surprise et même tripler le score des dernières législatives. Contrairement au FLN, le RND suscite la confiance de l'homme de la rue, qui a, d'ailleurs, su départager les deux hommes après leurs dernières prestations télévisées. Ce qui a permis aux Algériens d'apprécier, à leur juste valeur, les réponses des deux chefs de parti. Ainsi, l'on relève que le discours développé par M.Ouyahia, contrairement à celui du secrétaire général du vieux parti, est porteur au sein de la société. Se gardant de s'attaquer frontalement à ses adversaires politiques, Ouyahia use plutôt de messages subtils qui ne manquent pas de faire leur effet...Sur le plan économique et social, Ouyahia développe un discours cartésien et surtout réaliste, face à une conjoncture complexe du fait des grands défis mondiaux. En somme, même pour la crédibilité du FLN, il faut un RND fort, sinon on se retrouvera de nouveau face à un parti unique bis. Même si une percée du RND rendra service beaucoup plus à la nation qu'au FLN.