Les politiques des hydrocarbures et de la sécurité divisent autant les deux partis de l'Alliance. Les frères siamois ne se ressemblent pas. L'un est né de la cuisse de l'autre sans pour autant parvenir à lui ravir sa place sur l'échiquier politique, à condition de laisser la parenthèse de 1997 définitivement fermée. Il y a une nette différence d'appréciation sur la donne sécuritaire. Le FLN plaide pour la poursuite de la politique de réconciliation nationale qui a donné ses fruits, pendant que le RND la salue avec ferveur, tout en appelant à renforcer les effectifs de la police et de la gendarmerie pour abattre le terrorisme en empruntant la politique bushienne de lutte contre les réseaux terroristes. Mais la divergence de fond réside dans le volet économique qui éloigne nettement les deux visions. Le devenir des entreprises publiques est différemment apprécié. Le FLN insiste sur «la levée des ambiguïtés qui caractérisent le secteur industriel public, pour le mettre en symbiose avec l'économie du marché (...) en consolidant une stratégie industrielle réaliste et concrète». Alors que le RND est partant pour la cession par «l'allégement de leurs dettes au moment de la conclusion des partenariats; l'injection de fonds publics en vue de l'augmentation de leur capital et permettre ainsi la modernisation de leurs moyens souvent obsolètes; le maintien de la part publique dans le capital de ces entreprises à une hauteur qui ne saurait être inférieure à 49% et l'octroi du pouvoir de gestion au partenaire étranger». Les deux partis se rejoignent sur le besoin de revitaliser la politique agricole, du logement, des grands projets, le développement rural. Ils militent la main dans la main pour une réforme bancaire, l'octroi de crédits aux jeunes pour résorber la crise du chômage, etc. Tout le monde connaît les positions des uns et des autres concernant le dossier des hydrocarbures. L'adoption de la loi par l'APN puis son amendement surprenant ont dévoilé les différences d'approche. «Seul l'Etat peut exercer sa souveraineté dans l'exploitation des hydrocarbures et ne peut, en aucune manière, s'en désister», lit-on dans le programme électoral du FLN. «La décentralisation de décisions devient, en ce sens, primordiale pour coordonner la liberté d'initiative sur le terrain et l'exercice de la souveraineté centralisée en matière d'exploitation». Ce dossier requiert la vigilance, car il ne faut pas qu'il devienne «source d'hésitation mortelle pour les initiatives». Le programme du RND reste silencieux sur ce dossier qui a pourtant fait couler beaucoup d'encre. Mais il est très loquace sur les PME-PMI. et la fiscalité. Il considère que «les charges de l'entreprise demeurent encore très lourdes dans notre pays; elles ralentissent l'investissement et nourrissent la fraude». Il propose d'alléger ces charges pour dynamiser l'investissement. «Nos propositions consistent en: la réduction pour les entreprises de l'impôt sur le revenu (IRG): en Algérie, il représente une charge de 40%, alors que l'IRG est de 20% au maximum en Egypte et au Liban, inférieur à 30% en Jordanie, en Malaisie et en Corée du Sud et de près de 30% en Tunisie et au Maroc; la réduction des charges patronales des entreprises: dans notre pays, elles sont de 26% pour l'entreprise et de 9% pour l'employé, soit 35% au total. En Jordanie et en Tunisie ces charges sont de moins de 20%; l'allègement de la Taxe sur la Valeur ajoutée pour les produits locaux de large consommation: ce sera là un soutien à la consommation et à l'activité économique. Accélérer la mutation des entreprises publiques», souligne-t-on. «S'agissant des entreprises publiques de niveau PME, leur privatisation doit être diligentée avant leur disparition, soit par obsolescence de l'outil de production soit par occupation totale de leur marché. Pour cela, nous proposons: la cession au mieux offrant à l'issue de deux appels d'offres même si l'offre est inférieure à l'évaluation. Le plus important est de voir ces entreprises reprendre pleinement leur activité; l'allègement de la dette accumulée par ces entreprises au moment de leur cession; l'augmentation des facilités octroyées pour les délais de paiement des acquisitions, l'Etat possède la garantie légale de récupérer ses droits en cas de non règlement de la totalité du montant; l'octroi des avantages du code des investissements aux repreneurs pour la modernisation des entreprises rachetées. Par contre, nous ne saurons adhérer à la remise en cause de l'obligation pour les repreneurs de conserver les emplois des travailleurs de l'entreprise cédée car cela serait en contradiction avec les enjeux sociaux du pays», indique le programme électoral du RND. A propos de la politique des salaires, le RND estime que «Outre une révision périodique des salaires des travailleurs, nous proposons d'autres mesures à même d'améliorer le revenu d'un plus grand nombre de citoyens et notamment au sein des couches défavorisées», lit-on. Le FLN et le RND se revendiquent d'une même appartenance idéologique même si tout les différencie au plan de la gestion.