Le ministère des Affaires étrangères doit donner des éclaircissements sur une affaire qui risque de frôler le scandale diplomatique entre Alger et new york. Le représentant résident du Pnud et coordonnateur du système des Nations unies à Alger, M. Paolo Lembo, est sur le point d'être expulsé. C'est du moins ce que révèle une correspondance de l'ambassadeur représentant permanent de l'Algérie à l'Onu, M. Abdellah Baâli, adressée à M. Malloch Brown, administrateur du Pnud à New York. La lettre dont Liberté détient une copie précise que “le gouvernement algérien a décidé de demander le départ de M. Lembo… En dépit de multiples rappels à l'ordre faits directement à l'intéressé et au niveau de l'administration du Pnud à New York, M. Lembo a continué à agir de manière totalement contraire aux usages diplomatiques et à ignorer le canal du ministère des Affaires étrangères”. Le document ajoute que le diplomate “a continué à faire dans l'agitation et la gesticulation et s'est même permis, lors des conférences de presse qu'il a tenues lors du dramatique séisme qui a affecté l'Algérie, de se faire passer pour le coordonnateur de l'importante assistance internationale reçue alors qu'il n'était ni de près ni de loin associé à la gestion de la question”. L'ambassadeur permanent de l'Algérie à New York conclut : “Pour toutes ces raisons, il est donc devenu impossible pour M. Lembo de représenter le Pnud à Alger.” Deux années après son installation, Lembo est sommé de quitter Alger pour des motifs non encore connus officiellement. La correspondance de M. Baâli engage le gouvernement alors que, jusqu'à présent, le diplomate mis en cause n'a pas encore reçu de notification officielle de la part du département de M. Belkhadem lui demandant de partir. Contacté par nos soins pour avoir de plus amples explications, M. Paolo Lembo a déclaré n'avoir pas été destinataire d'un courrier ni même été informé verbalement de la mesure. “Je dois, en tout cas, attendre que le ministère des Affaires étrangères me saisisse de façon officielle et je dois aussi être saisi par le secrétariat des Nations unies à New York”. Le coordonnateur se défend en affirmant qu'il ne s'est pas mêlé de la gestion des suites de la catastrophe du 21 mai. “Dans ce genre de désastre, le bureau de Genève envoie dans un délai de 24 heures une équipe qui coordonne l'aide au niveau de l'aéroport et sur les sites, donc je ne vois pas comment j'ai pu me mêler”, a-t-il répliqué tout en s'interrogeant sur les véritables raisons de la requête de l'ambassadeur permanent de l'Algérie aux Nations unies. En attendant une clarification du ministère des Affaires étrangères, on est en droit de s'interroger sur la procédure en elle-même. Car au-delà de la légitimité d'une quelconque plainte des Algériens à l'égard d'un diplomate, il s'agit de savoir pourquoi les usages de la diplomatie n'ont pas été respectés. M. Lembo n'a pas été convoqué au ministère des Affaires étrangères pour qu'il soit reçu par le secrétaire général ou le ministre lui-même, une procédure généralement médiatisée par le biais d'un communiqué officiel. Or, dans ce cas précis, le diplomate a appris la mesure à travers un article paru dans la presse. L'affaire est donc du domaine du public et par voie de conséquence, si mesure d'expulsion il y a, l'opinion publique doit en connaître les raisons. Sommes-nous pour ainsi dire devant un scandale diplomatique qui ne dit pas son nom ? Cette affaire pouvait bien être gérée autrement en respectant les règles en la matière. M. Lembo qui a initié plusieurs projets dont la réforme de l'administration locale et de le justice se voit contraint de renvoyé les dossiers en question aux calendres grecques si jamais il venait à être expulsé. De plus, il s'agit de savoir que deviendra la représentation des Nations unies à Alger si jamais les raisons de l'expulsion sont d'ordre politique. À l'heure où l'Algérie commence à reprendre sa place sur la scène internationale, cette affaire risque de donner des arguments supplémentaires à tous ceux qui ne cessent de torpiller le processus démocratique dans le pays. S. T.