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Les symboles comme recours électoral
Publié dans L'Expression le 30 - 04 - 2007

Le chef de l'Etat est utilisé comme fonds de commerce électoral.
Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse. Cette citation d'Alfred de Musset peut s'appliquer aisément aux partis politiques en lice pour les élections législatives du 17 mai prochain. Les candidats utilisent tous les moyens pour convaincre les électeurs. Cela va des promesses les plus infimes, à l'utilisation du portrait du président de la République. Pourtant, le coordonnateur de la Commission politique nationale pour la surveillance des élections législatives, M.Saïd Bouchaïr, est clair là-dessus: «Les partis politiques en lice ne doivent pas utiliser les portraits du président de la République à des fins électoralistes, soulignant que le président est un symbole de toute une nation et non d'un parti politique.» Sur le terrain, cette règle est mise au pied du mur. Pratiquement, aucun candidat n'applique cette prescription. Lors des réunions électorales, on n'a pas à être un fin observateur pour remarquer la présence du portrait du président qui est souvent accroché derrière l'orateur. Il est clair que le recours à cette méthode, notamment par les partis politiques microscopiques, n'est qu'un subterfuge qui ne vise qu'à jouer sur la fibre sensible des électeurs. Les candidats, au lieu de séduire leurs auditoires en présentant des programmes ou du moins des promesses réalistes, celles qui peuvent être réalisées et sont réalisables à court terme, préfèrent jouer sur l'image du premier magistrat du pays. Une autre pratique relevée au cours de la campagne électorale, c'est le soutien indéfectible apporté, par la majorité des partis en lice à la chambre basse, au programme du président de la République.
Certains en ont fait leur propre feuille de route. Le constat est relevé même chez certaines formations, en dehors de l'Alliance présidentielle.
A les entendre parler, on a cette impression qu'aucun parti en compétition ne détient son propre plan de travail à appliquer au cas où il gagnerait des sièges à l'Assemblée nationale. D'aucuns se demandent quelle nécessité pousse ces partis à se présenter aux élections alors qu'ils n'ont quasiment pas de projet alternatif à proposer. Il est clair, maintenant, que l'une des pratiques démocratiques à laquelle aspirent la plupart des pays, c'est d'avoir une classe politique diversifiée. En revanche, cette diversité ne peut être estimée à sa juste valeur que si ces même partis peuvent apporter un plus à leur société.
Ainsi, qu'on soutienne le programme de la relance économique initié par le président, cela se comprend, qu'on appuie la politique de réconciliation nationale, ceci est de même. Néanmoins, venir défendre les mêmes positions que celles du premier magistrat du pays, en les agrémentant de sorte à en faire sa propre recette, cela ne répond pas aux critères de la pratique démocratique.
D'où la problématique qui se pose, d'ores et déjà, à tout citoyen ayant la ferme conviction d'aller aux urnes: parmi les 24 partis politiques en lice, quel est celui dont le programme répond le mieux et le plus à nos aspirations? Ici, ce n'est pas l'embarras du choix qui s'impose, mais plutôt l'imbroglio.
Enfin, les joutes électorales en cours ne se joueront pas sur le programme des partis politiques en lice, mais sur la manière qu'ont les candidats à utiliser les symboles qui sont ceux du pays.


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