Cette question n'est ni à l'ordre du jour et ne le sera pas, parce qu'il n´y a aucune raison objective justifiant une telle décision, a déclaré, catégorique, le chef du gouvernement. «Je ne peux ni confirmer ni infirmer les rumeurs qui circulent autour de la maladie du président de la République. Je ne suis pas son médecin», a affirmé le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, dans une conférence de presse, tenue tard dans la soirée de mardi à l'hôtel El Aurassi. Belkhadem, qui était, quelques heures auparavant, l'invité du Forum des chefs d'entreprise en tant que secrétaire général du FLN, a improvisé cette rencontre avec la presse, à la surprise même de ses proches collaborateurs. Face aux journalistes, ce dernier n'a pas hésité, lorsqu'il juge utile, de troquer la casquette de secrétaire général du parti majoritaire au profit de celle de chef de l'Exécutif. Quelle est l'objectif de ce face-à-face avec les médias? Tout le monde se posait la question. Belkhadem était-il destinataire d'un message? Afin de brouiller les pistes à l'assistance, Belkhadem laisse libre choix aux journalistes, «Posez toutes les questions qui vous viennent à l'esprit», s'est-il adressé aux journalistes. Effectivement, ce dernier s'est prêté volontiers au jeu des questions-réponses, avec quelques réserves, néanmoins, au sujet de la santé du président. «M.Abdelaziz Bouteflika poursuit normalement ses activités. Même si il n'a pas pu rencontrer le ministre italien des Affaires étrangères, Massimo d'Alema. Hier, (lundi), il a reçu M.Ali Abdeslam Triki,, secrétaire chargé des affaires de l'Union africaine (UA)». Le fait que le chef de l'Etat ait diminué son rythme de travail, «ne veut pas dire qu'il a des problèmes de santé», soutient Belkhadem. Afin d'étayer ses propos, Belkhadem fait le parallèle avec la tournée électoraliste qu'il effectue à travers le pays. «Je tiens quatre meetings par jour, d'autres dirigeants de parti se contentent d'un seul. Cela ne saurait être un signe de ma bonne santé ni celui de leur maladie», ironise-t-il. Belkhadem balaie d'un revers de main, la thèse évoquée par certains quant à la tenue d'élection présidentielle anticipée. «Cette question n'est ni à l'ordre du jour et ne le sera pas parce qu'il n'y a aucune raison objective la justifiant». Dans le même ordre d'idées, le chef du gouvernement a affirmé qu'il n'a aucune ambition de briguer un mandat présidentiel. «Certains cercles ont fait circuler des informations selon lesquelles, Belkhadem aurait proposé la révision de la Constitution pour avoir le poste de vice-président. Ce qui est complètement faux et diffamatoire à mon égard». Mieux encore, le conférencier assure «que dans aucune des trois moutures présentées par le FLN au président, il n'a été fait allusion ni implicitement ni explicitement à la création du poste de vice-président». Cette déclaration s'avère comme un revirement dans les positions du FLN sachant que dans l'une des trois moutures, il est préconisé la désignation d'un ou de plusieurs vice-président(s). La réconciliation n'est pas liée à Bouteflika Concernant justement ce dossier, il a affirmé que la révision du texte fondamental pourrait se faire par le biais du Parlement, sans exclure néanmoins la voie du référendum. En tout état de cause, du nouveau est attendu après les législatives, à en croire le chef du gouvernement. «Le président a déjà exprimé son souhait de revoir le texte fondamental, il pourrait formuler ses propositions après les législatives.». Cela ne sera pas d'ailleurs la première fois que Belkhadem révèle une échéance, mais jusqu'à preuve du contraire aucune n'a été respectée. Le chef du gouvernement est revenu sur la réconciliation nationale pour soutenir que la survie du projet n'est pas liée au maintien du président de la République à la plus haute magistrature du pays. «Le projet n'est pas limité dans le temps, ni à une personne», explique-t-il. Par ailleurs, les attentats du 11 avril d'Alger ne sauraient remettre en cause un projet approuvé par le peuple. Il laissera entendre, dans ce contexte que la porte de la Rahma n'est point fermée. «Je ne fais que réitérer la position de M.Abdelaziz Bouteflika». Dans le chapitre sécuritaire, il a refusé de commenter les bribes d'informations reprises par la presse sur les attentats d'Alger, arguant du fait que «l'enquête n'est pas encore terminée». Dans le même sillage, il a affirmé que les relations entre l'Algérie et les Etats-Unis «sont bonnes, même si nous n'avons pas apprécié la dernière sortie de l'ambassade américaine, à propos des attentats prédits à la Grande-poste et à l'Entv». «Les Etats-Unis nous ont déçus» Revenant à l'actualité, Belkhadem s'est démarqué de la circulaire signée par son prédécesseur, M.Ahmed Ouyahia relative au monopole de l'Agence nationale d'édition et de publicité (Anep) sur la publicité, «je peux vous assurer que depuis mon arrivée à la tête du gouvernement, aucune instruction n'a été donnée à l'Anep au sujet de la publicité destinée à la presse». Même s'il reconnaît en des termes à peine voilés, n'avoir rien fait pour remettre en cause cette décision. Mais le fond du problème, selon lui, réside dans l'absence de législation claire gérant le secteur. Dans ce contexte, nous apprenons qu'un projet de loi sur la publicité sera prochainement présenté à la chambre basse. Sur un autre volet, M.Belkhadem s'est dit «étonné» du soutien apporté par les Etats-Unis au projet marocain d'autonomie au Sahara occidental. «Le peuple américain nous a toujours habitués au soutien du droit des peuples à l'autodétermination, nous nous étonnons que nos amis américains tournent le dos à la légalité internationale et au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination», a-t-il déclaré. M.Belkhadem s'est, toutefois, réjoui que le Conseil de sécurité ait «consacré le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination dans sa résolution adoptée (lundi).» Au chapitre des relations algéro-françaises, il affirme que quelle que soit la nature du régime qui dirigera la France, l'Algérie est «disposée à développer ses relations avec le peuple et l'Etat français». Pour le Traité d'amitié, la position de l'Algérie est intraitable. «Si la France officielle se démarque de la France coloniale, rien n'empêche sa signature», a-t-il estimé. Mais si on tient à glorifier le colonialisme, «nous en tant qu'Algériens, nous ne pouvons pas accepter que la tragédie qu'a vécue notre peuple durant 132 années, sous un colonialisme de peuplement, soit transformée en apologie.» Quant à la campagne électorale, il atteste que les débuts sont toujours timides, mais l'affluence constatée aux meetings présage une «participation forte» aux législatives du 17 mai.