Un appel sera introduit par le syndicat des praticiens de la santé auprès du Conseil d'Etat. Le recours du ministère de la Santé à la justice pour annuler la grève des praticiens de la santé publique est une démarche «illégale» a estimé, hier, le Dr Salah Bensebaïni, président du syndicat de cette corporation, le Snpsp, lors d'une conférence de presse. Le ministère de la Santé avait, suite au dépôt, le 21 avril dernier, d'un préavis de grève de 15 jours, décidé de poursuivre le Snpsp en justice, au niveau du tribunal de Sidi M'hamed près de la chambre administrative en référé, d'heure en heure, demandant la suspension de la grève qui devrait avoir lieu les 6, 7 et 8 mai en cours. Le verdict de la justice avait été rendu le 29 avril dernier décrétant le débrayage des praticiens «illégal». «La Justice a condamné une intention puisque notre mouvement n'a même pas commencé du moment que nous étions en période de préavis de grève», s'insurge le président du Snpsp. Pour lui, la période du préavis de grève aurait plutôt nécessité l'organisation par la tutelle d'une réunion de conciliation en présence de l'inspection du travail et de la Fonction publique afin de trouver une sortie à ce conflit. Selon le Dr Bensebaïni, la motivation de la tutelle de recourir à la justice a été faite sur la base d'un rapport établi par le directeur des ressources humaines et dans lequel est mentionné que tous les points de la plate-forme de leurs revendications sont réglés. «Nous nous inscrivons en faux sur les points cités puisqu'à ce jour aucune revendication des praticiens n'a été prise en charge». Venu pour exprimer sa solidarité avec les praticiens syndicalistes, M.Osmane Redouane du CLA a soutenu qu'«aucune loi ne permet la démarche de la tutelle. On ne peut pas ester quelqu'un en justice pour une intention». De plus, souligne-t-il, «la chambre administrative n'a aucune compétence pour traiter les affaires sociales». Les représentants syndicaux ont, ainsi, fortement dénoncé la réaction de la tutelle qui va, selon eux, à contresens de la loi 90-02. «Le département de Amar Tou avait convié le représentant du Snpsp à une réunion de travail le 28 avril afin de réexaminer l'ensemble des points à l'ordre du jour, mais intente, parallèlement à cela, une action en justice contre ce syndicat». Les syndicalistes estiment que la manière avec laquelle est proposée cette réunion est «absurde» tout en dénonçant «l'absence de dialogue de la tutelle». En outre, le conférencier indique que le syndicat respecte la décision de la justice et le débrayage n'aura pas lieu. «Cependant, ce verdict ne sous-entend pas que nous allons baisser les bras. Nous userons du droit que nous confère la loi pour faire aboutir nos doléances», lance le Dr Bensebaïni. Le Snpsp compte, à cet effet, introduire un appel auprès du Conseil d'Etat. En revanche, les représentants du Snpsp sont invités, le 23 mai prochain, à une réunion de travail au siège du ministère de la Santé en vue d'examiner leurs revendications, informe-t-il. Une invitation vivement contestée par le syndicat qui souhaitait être convié à une réunion de «conciliation». «On ne parle plus de réunion de travail quand on dépose un préavis de grève», clame encore le conférencier. Le Snpsp appelle ainsi à la mobilisation. Des réunions seront tenues prochainement entre les représentants du Snpsp et les syndicats de la santé ainsi que les syndicats autonomes des autres secteurs. «Nous allons aussi relancer le travail du Comité des libertés syndicales Cnls et le fonctionnement de l'intersyndicale de la santé pour défendre bec et ongles nos revendications», concluent les syndicalistes.