Il est demandé à l'Algérie ce que l'Afrique du Sud refuse Campagne électorale ou pas, les industriels français ne perdent pas le nord. Ceux du médicament dont 300 d'entre eux sont regroupés autour de l'association «Leem» (Les Entreprises du médicament) louchent particulièrement vers le marché algérien. Leur association vient de saisir les autorités algériennes pour leur demander un traitement de faveur pour les producteurs français. Un traitement qui, grosso modo, devrait déboucher sur la fermeture des usines de productions algériennes de médicaments génériques pour que celles, françaises continuent de tourner plus longtemps. Pas moins. Dans une note adressée au ministère de la Participation et de la Promotion des investissements, Leem se plaint des dispositions de l'ordonnance algérienne du 19 juillet 2003 sur les brevets. Selon cette association, «la protection de la propriété intellectuelle pour les médicaments est incomplète et surtout ne prévoit aucune rallonge du type Certificat complémentaire de protection (CCP)». En clair, il est demandé à l'Algérie, ce que l'Afrique du Sud refuse systématiquement, de rallonger le temps de protection avant qu'un médicament ne puisse relever du domaine public et devenir générique. Il faut avoir présent à l'esprit que toute la production nationale, privée et publique, du médicament est composée de génériques. Chacun sait que la production locale de médicaments est si insuffisante que l'Algérie est obligée d'importer, chaque année, pour un milliard de dollars de médicaments. 70% de cette enveloppe va à des fournisseurs français. Ce qui représente le deuxième poste d'exportation de la France vers l'Algérie après l'automobile. C'est dire que les producteurs français de médicaments sont d'insatiables gourmands. Ils veulent plus. Ils veulent beaucoup plus pour nous fourguer leurs produits que pour investir. D'ailleurs, le but est de freiner l'investissement, tant national qu'étranger, dans le domaine des médicaments. Que restera-t-il des 300 médicaments produits en Algérie si la demande de Leem venait à être acceptée? Qui va investir pour produire quoi? En réalité, les producteurs français ne veulent pas perdre de temps et interrompre le plus de génériques possibles avant même l'accession de notre pays à l'OMC où, croient-ils, «la production privée ne correspond pas aux normes internationales et sans amélioration conséquente ne pourra pas devenir performante». Par contre, notre secteur public inquiète plus les Français car «il développe des capacités certaines au point d'être en mesure de copier des médicaments, techniquement plus complexes». Donc et tout en reconnaissant que l'OMC n'inquiète pas les entreprises publiques, il s'agit, pour les Français, d'écarter leurs produits génériques du marché algérien et ceci, bien avant l'OMC. Ce qui a pour but de ne pas leur permettre de fidéliser, d'ici là, les consommateurs en faisant valoir le rapport qualité-prix. C'est pourquoi, Leem demande aux autorités algériennes «au minimum un gel de la situation actuelle et si possible, une rétroactivité». Les producteurs français espèrent, ainsi, au moins stopper le développement de notre production de générique et pourquoi pas, porter un coup d'arrêt à cette production, serait encore mieux pour leurs affaires. Car le marché algérien est très attractif pour eux, pour des raisons simples telle «une grande habitude du consommateur algérien aux produits français ou encore que la majorité de médecins algériens ont été formés à l'école française». Pour audacieuse et contraire aux intérêts de notre pays qu'elle soit, cette demande, actuellement examinée par les autorités algériennes, notamment celles du ministère de la Participation et de la Santé publique, ne devrait avoir aucune chance d'être acceptée si les objectifs tracés lors des dernières assisses de «la stratégie industrielle» sont respectés. On le saura bientôt.