Selon des sources bien informées l'enquête des Américains pourrait aboutir à des révélations fracassantes sur les liens des groupes des GIA avec certains services de renseignement européens. Les six détenus livrés par les Bosniaques au FBI, actuellement détenus à Guantanamo avec les prisonniers d'Al- Qaïda, seront bientôt expulsés vers Alger, a affirmé la femme d'un des détenus laquelle soutient qu'elle a obtenu des assurances de la part des autorités algériennes à ce sujet. Le FBI qui enquête depuis un mois sur ces éléments, dans la base américaine de Guantanamo à Cuba, n'a pu établir aucun lien ou implication avec Al-Qaïda de Ben Laden. L'épouse de Omar El-hadj Boudella, Mme Nadjet Dazdarovic a indiqué que «le ministère algérien des Affaires étrangères a installé une commission de suivi de l'évolution du dossier des six Algériens» détenus depuis le 18 janvier dernier à Guantanamo. Les membres de cette commission auraient même, selon Mme Dazdarovic, effectué une mission de plus de 20 jours au cours de laquelle, des discussions ont été menées avec l'Administration américaine, pour leur éventuelle expulsion vers l'Algérie. L'affaire des six Algéro-Bosniaques a été au coeur d'une polémique entre la communauté arabe en Bosnie et les autorités de Sarajevo. Se sentant trahie par la décision bosniaque de livrer les Algériens au FBI, en dépit de l'arrêt de la justice du pays, la communauté arabe a enclenché une vaste campagne contre une ordonnance de rapatriement aux Etats-Unis, qui s'est faite sans preuve palpable, insiste-t-on. D'ailleurs la femme d'Omar Al Hadj a infirmé, à ce titre, les déclarations des autorités bosniaques, lesquelles, embarrassées à l'époque, ont fait état de contacts avec l'Algérie pour l'expulsion des six Algériens vers leur pays d'origine. «Ils nous ont menti, lorsqu'ils nous ont informés que l'Algérie ne voulait pas de ses enfants» a-t-elle indiqué, en affirmant que les autorité algériennes travaillent pour l'obtention de la libération de ses ressortissants. Si les déclarations de Mme Dazdarovic s'avèrent exactes, l'Algérie sera le premier pays à pouvoir obtenir la libération de ses ressortissants à Guantanamo. Cela intervient aussi, après les interventions du ministère de la Justice algérien, qui ont facilité l'obtention de la mise en liberté du pilote Lotfi Raissi après vingt semaines de détention en Grande Bretagne. S'agissant des autres terroristes français d'origine algérienne, les services de renseignement français ont affirmé que la plupart des prisonniers français dans la même base, sont des membres des groupes islamiques armés des GIA installés en France. Ces ser- vices affirment avoir identifié ces membres lors des perquisitions dans les fiefs des réseaux des GIA, lorsque ces derniers avaient menacé de commettre des attentats lors de la Coupe du monde organisée par la France en 1998. A l'instar de Louazou, mort à Tora Bora il y a près de deux mois, Nazar Sassi, Mustapha Houari, Redhouane Khaled et Khaled Ben Mustapha, tous détenus à Guantanamo, sont inscrits dans les fichiers des services du contre-espionnage français, comme étant des membres actifs des GIA en France. La France a dépêché dernièrement des émissaires sur place pour enquêter sur les présumés français, détenus sur la base militaire américaine à Cuba. Cependant, Washington ne semble pas près de réexpédier les détenus ayant une nationalité européenne. La présence de membres des GIA entre les mains des Américains à Guantanamo fait ainsi l'objet d'une bataille qui ne dit pas son nom entre Washington et certains pays européens. Les Européens refusent, jusqu'à présent, de fournir des informations sur les éventuelles implications des prisonniers européens d'origine maghrébine, à Guantanamo avec des réseaux terroristes. Ce qui a embarrassé les pays mis en cause. En effet, des sources bien informées indiquent que l'enquête des Américains pourrait aboutir à des révélations fracassantes sur les liens des groupes des GIA avec certains services de renseignement européens. Ce qui explique le fait que certains de ces services tempèrent avec le FBI sur ce sujet. Cette hypothèse est confortée par l'opacité dans laquelle des membres des GIA en question ont été libérés en 1998 par les autorités françaises, alors qu'elles détenaient assez de preuves quant à leur implication avec des organisations terroristes. Curieusement, Ils se trouvaient quelques mois plus tard en train de guerroyer en Afghanistan. Actuellement la France refuse toujours de reconnaître cette erreur, en indiquant qu'à l'époque, Paris avait estimé que ces membres des GIA, actuellement prisonniers à Guantanamo, ne présentaient aucun danger pour la sécurité de la France.