La Basse-Kabylie a vécu une campagne tranquille, animée par des acteurs affichant tous des prétentions parfois démesurées. La campagne électorale pour les législatives du 17 mai s'est achevée avant-hier. 21 jours durant, le citoyen était courtisé par une trentaine de listes en lice avec un discours promettant monts et merveilles dans une ambiance insipide. Une seule chose positive à retenir: la sérénité retrouvée dans une région sous tension ces cinq dernières années. Le politique a retrouvé sa place, sans pour autant emballer beaucoup de monde. Loin des rejets et autres violences, la Basse-Kabylie a vécu une campagne tranquille, animée par des acteurs affichant tous des prétentions parfois démesurées. Le RND s'est distingué par une campagne de proximité qui a mis face à face ses candidats avec les populations, durant les premières semaines, ponctuées par le meeting du secrétaire général, Ahmed Ouyahia, qui a donné les grandes lignes du programme électoral, présenté comme un renforcement du programme de relance économique du président de la République. La dernière ligne droite a été assurée admirablement par Abdeslam Bouchouareb, chef de cabinet de Ouyahia. Accompagné par Omar Allilat, tête de liste, et les candidats, Bouchouareb a réussi le pari de mobiliser beaucoup de monde, lors des meetings et conférences, sur fond d'un discours pragmatique et surtout réaliste. Samedi et dimanche derniers, huit rencontres ont été animées pour illustrer les prétentions d'un RND qui monte. Son frère ennemi de l'Alliance aura marqué sa campagne à Béjaïa par une crise interne qui a bloqué toute initiative. La campagne du FLN fut tout simplement timide. Les deux clans opposés (la liste et la mouhafadha) ont tout fait pour se casser mutuellement. Aux commandes des grands centres urbains et avec deux sénateurs élus brillamment, le FLN s'est montré loin des ambitions affichées par son patron. A Béjaia, ses militants et cadres se sont sentis, pour la plupart, «frustrés et trahis» par une direction qui «n'a pas tenu ses promesses». Le RCD s'est illustré par une campagne tranquille, dont le grand moment fut le passage de son patron, à Béjaïa. Dans un meeting très loin de ceux qu'on lui connaissait, Saïd Sadi a donné les grandes lignes de son programme dans un discours où la corruption et la fraude ont été les maîtres mots. La liste locale conduite par Djamel Ferdjellah a fait le reste dans un périple électoral qualifié de «prometteur». Le MDS, qui fait son entrée dans les joutes électorales, a fait une campagne marathonienne. De meetings en contacts de proximité, sa tête de liste, Dalila Aoudj, a su capter l'intention des citoyens par un discours qui promet un changement sur tous les plans, dans l'optique d'amener les électeurs à choisir un parti «propre» qui a présenté une liste, à sa tête une femme, dont le combat pour la cause féminine et identitaire n'a rien à envier aux grands. Plus près, la famille de gauche, représentée par le PST et le PT, a marqué son retour par une campagne qui ne diffère pas trop des autres. Sadek Akmir, enseignant d'université, a bénéficié d'une estime certaine induite par un discours sincère et simple d'un homme qui donne l'image de quelqu'un qui veut porter le débat sur toutes les questions de l'heure. Le RPR a misé sur un chef patriote en la personne de Smaïl Mira. Le maire de Tazmalt s'est appuyé sur un réseau de patriotes comptant 2000 éléments, considérés potentiellement acquis. Cela ne l'a pas empêché de sillonner la wilaya, prêchant la bonne parole. Avec son verbe franc et direct, Mira a su capter le citoyen réticent. Ses sorties ont fait parfois le plein. Les indépendants se sont donné à fond pour une place au «paradis». Les transfuges du RCD, Meziane Belkacem et Hamou Mansouri, ont bénéficié de l'appui de la dissidence RCD pour être bien accueillis partout, ou presque. Critiquant les mandats précédents, les listes Fidélité, Citoyenneté et Les forces du peuple, auxquelles s'ajoute celle de L'union, ont fait une campagne pour le changement sur fond de discours très réaliste et plein de promesses afin de redorer leur blason au plan de la députation assez discrédité, de leur avis, par des députés sortants. Côté partis islamistes, la campagne a été de proximité, axée sur la lutte contre les fléaux sociaux qui gangrènent Béjaïa. Agissant sur la fibre religieuse, leur électorat s'est montré sensible à ce genre de discours qui ne dit pas pour autant comment développer la région. Parlant proprement du développement local, les candidats se sont tous exprimés sur leur vision en la matière. On a beaucoup entendu parler de la vocation touristique, agricole et industrielle de la région, son port, son aéroport, ses infrastructures de base. Tous ont promis, chacun à sa manière, de les développer. Le Parlement, le rôle du député était plutôt le cheval de bataille des indépendants qui ont promis des permanences avec conseillers pour écouter les doléances citoyennes. Le chômage, le pouvoir d'achat, ont été les maîtres mots des partis politiques, même si les indépendants ont proposé leur solution. De tous les discours se dégageait une volonté de faire, sur fond de promesses qui sont rarement accompagnées de moyens pour leur concrétisation. Le mandat de député est, certes, politique, mais beaucoup de candidats ont relevé son rôle local, à l'image de ce que préconise la liste Fidélité, en matière d'assistance aux élus locaux. Avant-hier, toutes les partis en lice ont tenu leurs dernières sorties officielles. Certaines, à l'image de la liste Citoyenneté, ont choisi le chef-lieu pour un meeting de clôture. Le Pnsd était à Akbou. Le RND sillonnait la région au même titre que le MDS. Le PST était à la Maison de la culture de Béjaïa. Meziane Belkacem apportait les dernières retouches d'une campagne pleine. Les résultats de tous ces efforts seront connus, demain, avec l'espoir d'une participation massive qui reste le souhait de tous.