Les autorités espagnoles auraient revu leur position vis-à-vis de Sonatrach dans la gestion du projet de gazoduc Medgaz si l'on se base sur la déclaration faite hier par le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, en marge de la cérémonie de signature des documents portant création de la société de télécommunications Algerian Energy Telecom Company. Interrogé sur le résultat de la visite qu'il a effectuée, jeudi dernier, en Espagne sur invitation du ministre espagnol de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, Joan Clos, le ministre de l'Energie a indiqué : « Il y a une très bonne évolution, nous espérons le régler très prochainement. » Pressé par les questions des journalistes, le ministre s'est contenté de dire : « Je suis optimiste, je ne peux pas en dire plus. » Selon des sources au fait du dossier, le gouvernement espagnol aurait commencé à revoir sa position aussi bien sur les quantités de gaz que Sonatrach a le droit de commercialiser directement sur le marché espagnol que sur les conditions imposées à Sonatrach après l'augmentation de sa part dans le capital de la société Medgaz (de 26% à 36%). Le règlement du différend entre le gouvernement espagnol et Sonatrach consisterait à permettre l'entrée de la société espagnole Gas Natural dans Medgaz à travers la cession de 10% des parts de Sonatrach (qui passeront ainsi de 36% à 26%) et à permettre à Sonatrach de commercialiser une quote-part équivalente à la valeur des actions qu'elle détient sur la société. Ce qui donnerait une autorisation de commercialiser une quantité de gaz supérieure à celle d'un milliard de mètres cubes. En clair, avec l'octroi des 10% de Sonatrach à Gas Natural, les conditions imposées à Sonatrach s'annuleront d'elles-mêmes puisqu'elles ont été imposées après l'augmentation de la quote-part à 36%. Avec 26% des parts, Sonatrach se verra accorder une autorisation de commercialiser une quantité supérieure à un milliard de mètres cubes, soit deux milliards environ. L'entrée de Gas Natural dans Medgaz avait déjà été demandée par le ministre espagnol de l'Industrie. Une demande acceptée par le ministre algérien au mois de mars dernier. Cette demande du ministre espagnol avait même irrité les autres compagnies espagnoles actionnaires de Medgaz qui étaient étonnées de voir un ministre du gouvernement espagnol intervenir pour un groupe privé qui dispose déjà de 9 milliards de mètres cubes qui transitent par le premier gazoduc qui relie l'Algérie à l'Espagne via le Maroc. Sur un autre plan, les conditions imposées par le gouvernement espagnol à Sonatrach ont été interprétées comme des pressions exercées sur la compagnie algérienne pour qu'elle renonce à sa demande d'augmentation du prix du gaz dans ses deux contrats avec Gas Natural. Relance Or, Sonatrach a motivé sa demande par une clause qui existe dans les contrats et par le fait de vouloir aligner le prix sur les autres prix pratiqués avec d'autres compagnies sur le même marché. Les informations sur le règlement du différend, non confirmées officiellement, ne donnent aucune indication sur le problème du prix du gaz. Toujours est-il que Sonatrach a déjà porté le différend pour un arbitrage international devant un tribunal à Genève. Il faut rappeler que Sonatrach avait été autorisée à commercialiser un milliard de mètres cubes par an directement sur le marché espagnol sur les 3 qu'elle avait demandés. Elle est le seul opérateur sur une quarantaine à avoir été soumis à une restriction. Cette limitation avait été rejetée par la partie algérienne qui a qualifié la pratique de discriminatoire. De plus, les conditions qui lui ont été imposées après l'augmentation des parts qu'elle détient sur Medgaz rendaient ingérable le projet et pouvaient le remettre en cause fondamentalement vu l'ingérence qu'elles entraînaient dans la gestion interne même de la compagnie. Sonatrach avait déposé un recours auprès du gouvernement pour les conditions imposées par la Commission nationale espagnole de l'énergie. Pour les quantités de gaz à commercialiser, Sonatrach qui s'était imposée un refus pour son recours auprès du gouvernement avait décidé de porter le différend auprès de la Cour suprême espagnole et de la Commission européenne à Bruxelles. Au vu de l'optimisme du ministre et des informations récoltées hier, le projet de gazoduc Medgaz devrait connaître une relance après les turbulences qu'il a vécues ces dernières semaines. L a construction devait commencer dès le deuxième semestre de cette année alors que la mise en marche du gazoduc est prévue pour l'année 2009. Il faut rappeler que le coût total du projet a déjà été estimé à environ 900 millions d'euros. La capacité initiale de Medgaz sera de 8 milliards de mètres cubes par an, il transportera le gaz naturel de Beni Saf, sur la côte algérienne, à Almeria en Espagne.