La déclaration du ministre de l'Intérieur est sans doute basée sur des renseignements crédibles. L'appel d'Al Qaîda Maghreb a-t-il influé sur l'attitude des électeurs? Elle a «quelque peu pesé» rétorque le ministre de l'Intérieur sur les ondes de la Chaîne III. Pourtant, aussi bien le jour du scrutin que lors de sa conférence de presse, animée vendredi, M.Noureddine Yazid Zerhouni a refusé de lier la défection de l'électorat à la menace d'Al Qaîda au Maghreb, ni même à l'appel au boycott lancé par le parti du FFS, de Abassi Madani et de Abdallah Djaballah; préférant plutôt mettre le fort taux d'abstention sur le compte des partis politiques. D'après le ministre, les candidats n'ont pas pu mobiliser les foules et les thèmes de campagne développés ne s'adaptent pas aux attentes des citoyens. Qu'est-ce qui aurait donc motivé le revirement du ministre de l'Intérieur, qui a tenu à souligner que «la peur est un sentiment humain»? Une chose est sûre, la déclaration du ministre de l'Intérieur n'est pas fortuite. Elle est sans doute basée sur des renseignements crédibles. Cependant, le ministre d'Etat fera remarquer qu'en dépit des attentats d'Alger et de Constantine, les Algériens ont montré, en accomplissant leur devoir électoral, leur «attachement à la démocratie et au renforcement du processus démocratique», mais aussi, a-t-il ajouté, exprimé leur rejet de la violence et du terrorisme. Le ministre d'Etat a indiqué que le taux de participation aux élections législatives est «respectable et correct». Il y a eu une mobilisation des électeurs, qui s'explique par l'importance des bulletins nuls, soit près de 1 million. «Les bulletins nuls montrent que les gens sont venus aux élections parce qu'ils veulent consolider le processus démocratique, ils ont confiance en l'Etat et veulent que leur choix soit respecté», a-t-il expliqué, ajoutant qu'ils veulent également dire que les projets des partis politiques et des candidats à la députation «ne les satisfont pas». Revenant sur les quelques cas de dépassements constatés durant le scrutin et qu'il a jugé minimes, M.Zerhouni a estimé que le signalement de ces dépassements est une preuve que le système de garantie et de contrôle du scrutin «a bien fonctionné», se demandant s'il ne s'agit pas «de manipulation» pour entacher et décrédibiliser les élections. Le ministre a indiqué que pour cette tentative de fraude, les auteurs n'ont pas encore été identifiés et qu'une enquête judiciaire a été diligentée. Une chose est à relever, et c'est d'ailleurs l'une des caractéristiques de ces législatives: c'est cette tendance des responsables à souffler le chaud et le froid. C'est le cas de M.Saïd Bouchaïr qui, après avoir interpellé le chef de l'Etat sur des dépassements «loin d'être des cas isolés» se rétracte, concluant à des cas isolés.