Le pronostic de cheikh Djaballah, à quelques jours du scrutin, est avéré. Cuisant échec. Une déroute que celle infligée au mouvement d'El Islah lors du dernier scrutin législatif du 17 mai. Les responsables sont encore sous le choc. Lors d'une conférence de presse, tenue hier au siége du parti à Alger, Mohamed Boulahia et Djahid Younsi, respectivement président et secrétaire général du parti, ont tenté vainement d'expliquer la débâcle politique de leur parti. En vain. C'est la faute à Abdallah Djaballah, comme dirait Voltaire, pour expliquer un tel revers. Il l'est, car durant les législatives de 2002, El Islah a remporté 43 siéges avant de perdre, cinq ans plus tard, 40 de ce total. La destitution du charismatique Djaballah a mis le parti dans une situation inconfortable même si les conférenciers n'ont pas voulu l'admettre. «Le détrônement du cheikh...(son nom ne sera prononcé que par erreur), semble-t-il, n'a pas influencé les résultats du scrutin. Les électeurs ont boudé les urnes. Cela démontre que les élections législatives ont perdu de leur crédibilité» a déclaré Djahid Younsi. «Nous nous contentons des 144.000 voix des votants qui nous ont fait confiance. Ce sont nos vrais militants. Avec eux, nous garantirons un avenir meilleur pour notre formation politique» a-t-il poursuivi. Quant au taux de participation, M.Boulahia affirme qu'il est trop gonflé. «En réalité, il ne dépasse pas les 21%» a-t-il dit. «Les promesses sempiternelles et irréalisables, les logements fermés (un million), le chômage sont des facteurs, parmi tant d'autres, ayant poussé les citoyens à bouder les urnes; par manque de confiance en les décideurs» précise Boulahia. Apostrophé sur la prémonition de Djaballah, faite avant les élections, où il affirmait qu'El Islah n'aura pas plus de 10 siéges, les responsables ont tenté par mots voilés de rester cartésiens. «Sous sa coupe, le parti n'a glané que 0,05% lors des élections partielles organisées en Kabylie» a soutenu Mohamed Boulahia. Quant à la fraude, le secrétaire général soutient que son mouvement a été victime dans plusieurs wilayas. Et de citer en exemple la wilaya d'Annaba. «J'ai constaté de visu des bulletins FLN distribués en dehors des bureaux de vote.» a précisé M.Younsi. Les votants, angoissés par le chômage, pour la plupart, s'achètent comme des «marchandises». «Ils n'ont pas d'autre alternative que celle du FLN.» déplore-t-il encore. Cette wilaya, à se fier aux propos des différents responsables d'EL Islah, n'est que la partie visible de l'iceberg. «Cette pratique est non seulement prohibée, mais constitue une atteinte à la crédibilité de l'Etat» poursuit Djahid Younsi. Chiffres à l'appui, il précise que 21 walis ont usé de leur pouvoir en refusant l'accès à plusieurs encadreurs et surveillants jusqu'à dix heures précises. Dans un autre chapitre, Djamel Soualah, président du conseil consultatif, a précisé que les responsables du parti analysent les résultats des législatives pour une meilleure approche des locales qui «seront un tournant décisif pour le parti». D'ailleurs «des instructions ont été données au niveau de toutes les wilayas pour faire de cet évènement celui qui redonnera à El Islah son image réelle» a-t-il conclu.