Une équipe qui pèche par manque d'efficacité et de rapidité. Les rumeurs distillées ces derniers jours sur l'état de santé du chef de l'Etat, se sont avérées pures spéculations. Elles se sont même heurtées à la réalité, fondant comme neige au soleil. En effet, les dernières sorties du chef de l'Etat dans les wilayas de Constantine et Annaba, où il a sillonné d'un pas alerte les principales artères de Bône et de l'antique Cirta, sont en elles-mêmes une réponse aux mauvaises langues. «La chose qui m'a frappé, c'est qu'il était beaucoup plus calme. Avant, lorsqu'il parlait, il avait l'habitude d'accompagner ses propos de gestes, un peu incantatoires quelquefois, alors que lors de cette dernière rencontre, il donnait l'image d'une très grande sérénité. J'ai trouvé qu'il était conscient des difficultés de son pays. J'ai trouvé qu'il était conscient de son destin.» Ces affirmations sont du journaliste français de renom, Jean Daniel, ami personnel du chef de l'Etat et néanmoins directeur de la rédaction du Nouvel Observateur. Au chapitre de la réconciliation nationale, Jean Daniel, rappelant une rencontre à Paris avec M.Bouteflika qui était alors en pleine «traversée du désert», affirme que le «rêve» du futur président était «d'intégrer toutes les composantes historiques, ethniques et géographiques de ce qui a fait l'Algérie...». D'ailleurs, «la légitimité la plus grande pour Bouteflika c'est celle de la réconciliation et du référendum. C'est de cela que le président Bouteflika tire sa force». Ajoutant que «même isolé, le président continuera toujours à avoir cette légitimité référendaire. A la limite, une légitimité progressive. Surtout après les dernières législatives». Cependant, le parachèvement du programme initié par M.Bouteflika, dépendra de la composante du nouveau gouvernement. Que restera-t-il du gouvernement Belkhadem? Serait-ce la même équipe, à quelques réaménagements près, qui sera reconduite. Ou bien, le chef de l'Etat procédera-t-il à une véritable «purge»? La dernière hypothèse est la plus plausible, au moins pour deux raisons. La première, c'est que le bilan de l'ancienne équipe n'est pas reluisant et la plupart des objectifs fixés sont restés en stand-by. Ce qui a d'ailleurs, donné matière à critique pour le secrétaire général du RND. Dans ses différentes sorties publiques et meetings de campagne électorale, M.Ouyahia n'y était pas allé avec le dos de la cuillère à l'égard du gouvernement, à qui il avait reproché de faire dans le populisme et la démagogie. Secundo, les résultats du dernier scrutin attestent de l'échec de la politique du gouvernement, notamment sur les plans économique et social. Ces éléments ont été confirmés par le directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, Jean Daniel, dans un entretien accordé au Ouotidien d'Oran. «J'ai trouvé qu'il (il parlait du président) avait envie de remuer un petit peu les énergies de son pays parce qu'il me semblait comprendre que son gouvernement était en deçà de ses attentes du point de vue de la rapidité, de l'efficacité.» Une impression «purement personnelle», indique Jean Daniel, qui, tout au long de son entretien, use de phrases subtiles et imagées. Le journaliste n'a fait que relever chez le président un fait connu de l'opinion publique algérienne, à savoir les critiques exprimées publiquement par le chef de l'Etat à l'égard de certains membres du gouvernement. Par ailleurs, les derniers développement de la scène politique, dans lesquels certains ministres ont été cités, pourraient peser lourd dans le «verdict» du chef de l'Etat. A propos du traité d'amitié algéro-français, Jean Daniel a exprimé au chef de l'Etat sa vision personnelle: «Je me souviens lui avoir répondu que je vais vous décevoir car ce pacte je n'y ai pas cru.» Avant de poursuivre: «Je lui ai dit que moi, si j'avais été diplomate, jamais je n'aurais ´´...travaillé...´´ pour un pacte d'amitié de ce genre.» En somme, pour l'hôte du chef de l'Etat, «il n'y a donc pas d'amitié, mais des preuves d'amitié. Des preuves qu'il faut donner tous les jours sinon, au moindre accroc, ce pacte est réduit en miettes.» Ce sont là tant de messages que Jean Daniel a voulu transmettre après son entrevue avec le chef de l'Etat.