Le prochain film de Rabah-Ameur Zaïmèche, Dernier Maquis avec Nathalie Richard et Fellag, ne sera pas tourné en Algérie mais, en banlieue parisienne. Le trouble était grand, hier soir, à la fête donnée sur les hauteurs de Cannes, entre Angelina Jolie et la femme du journaliste Daniel Pearl, enlevé puis décapité à Karachi. Jolie au bras de Brad Pitt elle ressemblait à l'icône des magazines, avec toujours ce léger sourire timide, mais celle qui était à l'écran du film de Michael Winterbottom Mighty Heart (Un coeur invaincu) ressemblait comme deux gouttes d'eau à la veuve du journaliste disparu. Tout y était, même les effets du métissage franco-cubain que porte sur son visage cette jeune Dame courage qui a tenu tête stoïquement, six jours durant, face aux coups fourrés des services secrets américains et une partie de l'ISI (le pendant pakistanais). Si le film n'était pas hors compétition, il aurait, à coup sûr, fait de Angelina Jolie une sérieuse prétendante au Prix d'interprétation féminine! Mathieu Amalric mériterait un improbable prix d'interprétation masculine, serait-on tenté d'ajouter dans la foulée. Mais, à vrai dire, ce serait beaucoup plus par empathie pour le personnage dont s'est inspiré le cinéaste américain, Julian Shnabel. En effet, Jean-Dominique Bauby, rédacteur en chef du magazine Elle, coqueluche du Tout-Paris, a écrit sur son lit d'hôpital un roman Le Scaphandre et le Papillon, un best-seller qui, dès sa sortie, en 1995, attira l'attention de Spielberg qui pensa à l'inclassable peintre-cinéaste (auteur d'un mémorable Basquiat sur l'enfant prodige de la peinture new age des années 70). Johnny Deep devait jouer le rôle de Bauby mais Le Pirate des Caraïbes booké jusqu'en 2012 (au moins) a dû jeter l'éponge. Shnabel a opté pour Amalric qui venait de faire ses preuves sur Munich de Spielberg... Un détail quand même qui a son importance, Bauby, victime d'un malaise cardiaque a dû écrire le livre ou plutôt le dicter en utilisant les mouvements d'une seule de ses paupières (l'autre oeil ayant été obturé par le médecin). La méthode est basée sur l'utilisation d'un alphabet limité aux lettres les plus usuelles. Le roman a été un best-seller. Le film aurait pu l'être si le cinéaste n'avait pas adopté un style particulier, filmant la plupart de l'histoire à partir de la paupière de Bauby. Le procédé est habile, mais sur la durée, il pose problème, dans la mesure où ce point de vue est tributaire de la netteté (aléatoire) du malade et de son cadre (limité) obligeant ses interlocuteurs à se pencher pour être dans l'axe du regard...Autre regard décalé celui du Mexicain, Carlos Reygadas, qui revient en compétition avec Stellet Licht, un titre aussi mystérieux que la communauté mennotique dans laquelle se déroule l'histoire de ce père de famille dont l'amour interdit pour une autre femme bouleverse l'harmonie du microcosme...Tous les comédiens sont non professionnels et ce n'est pas la seule originalité de ce film qui souffre aussi d'un caractère décousu des plus évidents qui reste encore en mémoire à la sortie de la salle. Du coup quand on entendra plus tard, Reygadas dire que «la version présentée à Cannes est définitive et même si la finition a été très serrée à cause des délais, il ne s'agit, en aucun cas, d'un montage provisoire», on ne peut être que surpris par trop d'insistance qui tente d'excuser le caractère brouillant de ce film tout en se demandant si les sélectionneurs cannois ne l'ont pas pris sur la foi de son précédent Battala en el Cielo!...Bon, le Mexique le vaut bien, c'est son année. En février, Guillermo Del Torro, Alonso Cuaron et Alejandro G. Inarittu ont triomphé aux Oscars. Et plus de 80 films mexicains sont annoncés en 2008! C' est sans doute aussi au vu du succès surprise (sur tous les continents) de Bled Number One que les films du Losange, distributeur, ont mis leur casquette de producteur pour faire aboutir le prochain film de Rabah Ameur Zaïmèche, Dernier Maquis avec Nathalie Richard et Fellag. Le film ne sera pas tourné en Algérie, mais en banlieue parisienne. L'aventure commencera en août pour huit semaines. «On est tellement mal accueillis, comme des étrangers, que de plus en plus de réalisateurs algériens sont obligés de rebrousser chemin devant tant de haine» confie un réalisateur algérien qui s'apprête à aller tourner à Malte. «Notre problème, c'est que nos interlocuteurs sur place découragent les volontés les plus patriotiques.» conclut-il avec un sourire figé. A propos de Fellag, il semble que lui a aussi a décidé de franchir le Rubicon, il passe à la réalisation et pour son premier film, une adaptation d'un de ses romans, on parle même de Sami Bouadjila! Un autre Algérien, acteur de son état, qui a fait un tour, peu remarqué dans son pays natal (pour le tournage de Bled Number One) s'apprête à réaliser (en duo) Seuls Two pour 18 millions d'euros. Il s'agit de Ramzy Bedia du fameux duo d'humoriste Eric et Ramzy... «Ont une seule obligation de faire» et ils ont trois mois de tournage, dès juillet, pour y arriver. Bonne chance!