Les rumeurs vont jusqu'à évoquer un nouveau département, en charge et de protection de l'enfance. Ce n'est sans doute pas un hasard si des enfants appellent le président de la République à protéger l'enfance. La requête a été faite, hier, par un groupe d'enfants issus des quartiers populaires d'Alger, reçus par Abdelaziz Bouteflika. Ils ont appelé le chef de l'Etat à créer un observatoire national pour la protection des enfants. Le message est clair. C'est un cri de détresse. Car, il est utile de le reconnaître, l'enfant algérien est «écartelé» entre différents ministères et aucun ne le prend concrètement- en charge. Au bout du compte, la doléance est, cette fois-ci, entre les mains du président Bouteflika. Dans une lettre lue par un des enfants à l'occasion de la Journée mondiale de l'enfance, les enfants ont exprimé le «besoin pressant» de voir la création d'un observatoire national pour la protection des enfants. Une réclamation émise aux fins de voir les enfants de l'Algérie «jouir de tous leurs droits», à savoir l'éducation, la formation et la protection. Comme à l'accoutumée, à l'approche de chaque premier juin, Journée de l'enfance, une vague de clémence envers les enfants accompagne cette fête, mais sans pour autant avancer réellement sur le terrain. L'Algérie est l'un des pays en perte de vitesse en matière de protection de l'enfance. Les rumeurs vont jusqu'à évoquer un nouveau département, à la faveur d'un remaniement gouvernemental imminent, qui aura pour mission la prise en charge et la protection de l'enfance. Les enfants ont mis à profit l'occasion pour saluer les efforts «colossaux» déployés par le président Bouteflika pour la consécration de la paix et de la réconciliation qui, ont-ils dit à l'adresse du chef de l'Etat, «procèdent de votre souci de garantir notre avenir, nous, enfants d'aujourd'hui et cadres de demain et celui d'une Algérie rayonnante». Un simple exemple d'un phénomène inquiétant: un million d'enfants, en âge de fréquenter encore l'école, travaillent. 700.000 d'entre eux l'ont quittée uniquement dans ce but. A cela s'ajoute une délinquance juvénile livrée à la rue. C'est la défaillance. Le dernier stade de la traversée s'arrête au palais d'El Mouradia. Le premier magistrat du pays vient d'être saisi officiellement. Il est appelé surtout à mettre fin à un système de soi-disant prise en charge qui conduisait davantage à l'échec, la déperdition et la délinquance. Ce n'est pas tout. Une alerte rouge a été donnée. Nos enfants sont menacés par des «hordes criminelles» sans foi ni loi, qui les kidnappent pour leur ôter ce qu'ils ont de plus précieux: la vie. Des sectes bien organisées les séquestrent pour les amputer de leurs organes qui seront vendus, par la suite, à des prix faramineux. Le phénomène est en passe de prendre des proportions inquiétantes. Un observatoire national de protection de l'enfance est sérieusement réclamé.