Tandis que la chargée du Bureau national de la protection de l'enfance au niveau de la DGSN prévient contre les sévices corporels et abus sexuels dont sont victimes des milliers de mineurs en Algérie, la présidente de l'association El-Baraka raconte la situation dramatique des enfants handicapés. La célébration de la Journée internationale de l'enfance, le 1er juin, a rappelé le triste sort réservé à des milliers d'enfants algériens, victimes de pauvreté, de maltraitance, d'abus sexuels et de handicap physique ou mental. Devenus faits d'actualité depuis qu'ils sont particulièrement médiatisés, les rapts ou disparitions d'enfants inquiètent de plus en plus les parents. Pour cause, les statistiques sont réellement alarmantes. Environ 180 mineurs ont subitement cessé tout signe de vie pour leurs parents depuis le début de l'année en cours. Nombreux d'entre eux, dont des gosses âgé de moins de 5 ans, sont toujours recherchés. Le cas du petit Yacine, dont les portraits sont placardés sur les murs de tous les quartiers d'Alger, est assez édifiant. Les origines du phénomène, qui prend de l'ampleur depuis quelques années, demeurent inconnues. Pour l'heure, l'unique parade est la vigilance des parents. Autre problème majeur auquel sont confrontés les enfants algériens est la violence physique et sexuelle. Selon la commissaire principale, chargée du bureau national de la protection de l'enfance et la délinquance juvénile, Mme Kheïra Messaoudène, “durant la période allant du mois de janvier jusqu'au mois d'avril de l'année en cours, 1 695 enfants ont été victimes de différentes formes de violences, à l'échelle nationale, dont 563 ont subi des violences sexuelles”. En 2006, le chiffre de ces victimes expiatoires a atteint la barre des 5 000. L'officier supérieur de la DGSN a particulièrement regretté le “manque flagrant de centres d'accueil pour ces victimes, notamment pour les filles, qui sont souvent placées dans des centres de rééducation, augmentant pour elles le risque de fuguer et de virer vers d'autres fléaux tels que la prostitution et la drogue”. Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Me Mustapha Farouk Ksentini, a clairement déclaré, à la presse en marge des travaux d'une journée d'étude sur “L'enfant face à la violence” que son instance “n'est pas satisfaite du sort fait aux enfants en Algérie”. Me Ksentini a plaidé pour “une application correcte et précise des textes de lois relatives au droit de l'enfant, notamment, à sa protection contre la violence et pour leur amélioration”. La présidente de l'association de soutien aux personnes handicapées El Baraka, Mme Flora Boubergout, a évoqué pour sa part la situation dramatique vécue par les enfants souffrant d'un handicap physique ou mental. “L'un des gros problèmes, auxquels font face les enfants handicapés, sont l'inadaptation de l'environnement social (manque de loisirs, difficultés d'accès à l'éducation…), et le manque et surtout la cherté des matériels vitaux pour leur survie (fauteuils roulants, poches urinaires, sondes vésicales…)”, a-t-elle déploré. “Beaucoup d'enfants arrêtent leur scolarité à cause de l'incapacité de leurs parents à assurer les charges financières des consommables”, ajoute-t-elle. Elle a suggéré alors que la Caisse de sécurité sociale rembourse, au moins en partie, le coût de ce matériel. Elle a fait appel, aussi, à la générosité des gens aisés pour des dons en nature ou en espèce au profit des personnes handicapées, particulièrement les enfants. Pour l'heure, l'association initie des programmes de soutien à ces enfants (ouverture d'espaces de socialisation et de soutien scolaire), essentiellement grâce aux parrainages d'entreprises et d'ONG étrangères. Elle a reconnu, néanmoins, que le ministère de la Solidarité a consenti, cette année, au financement partiel d'un projet d'insertion par la formation de personnes handicapées en milieu ordinaire. Mme Boubergout a insisté sur le fait que 50% des enfants handicapés sont soit issus de mariages consanguins, soit victimes d'accident de la route. C'est pour cette raison (et aussi parce qu'elle-même a été condamnée à la chaise roulante pendant trois ans après un accident de la circulation), qu'elle s'investit corps et âme dans la sensibilisation contre la violence routière. Souhila H.