«Il y a un fossé entre la loi et la réalité. Les textes de loi existants sont très généreux, mais ils ne sont pas appliqués.» Regrettable. La situation de l'enfance en Algérie est pénible. Maître Farouk Ksentini enfonce le clou. Invité, hier, à l'émission «En toute franchise», de la Radio nationale, Chaîne III, M.Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'homme, estime que «l'enfant algérien n'est pas suffisamment protégé» par la loi. D'emblée, il invite le législateur algérien à réviser les textes de loi portant protection de l'enfant. D'abord, il dénonce la non-application des textes en vigueur. «Il y a un fossé entre la loi et la réalité. Les textes de loi existants sont très généreux, mais ils ne sont pas appliqués». Pour atténuer les souffrances et la détresse de l'enfance, il propose, ensuite, de mettre en place de nouveaux textes «pour consolider ceux qui sont déjà mis en place.» Pour lui, un arsenal juridique «très sérieux s'impose pour mieux protéger l'enfant.» citant des exemples d'exploitation des enfants. M.Ksentini a rappelé que «la législation algérienne interdit le travail des enfants de moins de 16 ans. Mais, malheureusement, la réalité est tout autre.» Objectivement, la protection de l'enfance relève de qui? «C'est le rôle de tous», répond-il. Et de lancer des tirs croisés sur l'Ecole algérienne. «L'école c'est le tout, à mon avis». «L'Etat a beaucoup investi dans ce secteur, mais les résultats sont très médiocres. L'Ecole algérienne est discréditée. Il faut voir les choses en face, en termes de qualité la formation est peu satisfaisante», a-t-il constaté. S'exprimant sur les enfants incarcérés, l'invité de la Radio a encore souligné que le placement des enfants dans des centres de rééducation, même dans des cas de crime, demeure «une mesure exceptionnelle.» Dans un autre registre, la police nationale a rendu public jeudi dernier, un bilan alarmant sur les cas de violence sur enfants. En effet, durant les quatre derniers mois, ils sont près de 1700 enfants à subir des violences. Plus de 560 parmi eux ont été victimes de violences sexuelles. Lors d'un point de presse animé à l'occasion de la Journée mondiale de l'enfance, Kheïra Messaoudène, commissaire principale, chargée de la protection de l'enfance, a annoncé que «durant la période allant du mois de janvier à avril (...), 1695 enfants ont été victimes de différentes formes de violence, dont 563 ont subi des violences sexuelles».