De son avis, la seule manière d'éviter à un mineur de mal tourner est de le garder, aussi longtemps que possible, dans le circuit scolaire. Le président de la Commission nationale de protection et de défense des droits de l'Homme, Me Farouk Ksentini, a axé son intervention d'hier au Forum de la Chaîne III sur les enfants en danger moral ou physique et les moyens idoines pour les protéger. Sans détour, l'invité de la Radio nationale a évoqué les abus sexuels, la maltraitance, l'exploitation au travail en noir… dont les mineurs sont victimes en Algérie. “La situation est préoccupante, même si elle n'atteint pas les proportions connues par certains pays”, a-t-il analysé. En parlant du travail des enfants de moins de 16 ans, il a cité l'exemple des gosses qui vendent des fruits et légumes et du pain fait maison au bord des routes. “Ce n'est pas seulement prohibé, mais extrêmement pénible. Les autorités compétentes doivent intervenir pour mettre fin à ce phénomène.” Sur les violences sexuelles, qui défrayent de plus en plus la chronique ces dernières années, Me Ksentini a rappelé qu'il existe un important dispositif législatif répressif contre les auteurs de ces abus. Il a mis en garde, néanmoins, contre une propension des enfants à l'affabulation, en ce sens qu'ils accusent parfois à tort les adultes. “Malheureusement, la justice algérienne n'est pas outillée pour parer à ce genre d'erreurs judiciaires” a-t-il regretté. Il a ajouté qu'il faut de gros moyens matériels et humains pour mieux protéger l'enfance en Algérie. “Des moyens dont l'Etat ne dispose pas toujours”, a-t-il souligné. Dans le même contexte, il a affirmé que la délinquance juvénile prospère. De son avis, la seule manière d'éviter à un mineur de mal tourner est de le garder, aussi longtemps que possible dans le circuit scolaire. Paradoxalement, comme l'a souligné un confrère également invité de l'émission, les déperditions scolaires dépassent le seuil de tolérance, avec environ 500 000 élèves exclus de l'école chaque année. À ce propos, Me Ksentini a recommandé d'investir grandement dans la formation professionnelle. Il a estimé, toutefois, qu'il devient urgent d'améliorer l'école algérienne qui n'est pas à la hauteur de ses missions. “Le drame de ce pays est l'école qui ne joue pas son rôle, pour diverses raisons. Cela dit, je n'incrimine personne. Je fais un constat.” A contrario, il a déclaré que la réforme du système scolaire semble bien fonctionner “d'après les échos qui me sont parvenus, car je n'ai pas suivi la mise en œuvre de cette réforme point par point”. De son avis, il est utile, pour revaloriser l'école, d'encourager un encadrement de qualité, notamment par les avantages salariaux. Interpellé sur les signes ostentatoires de religiosité dont font preuve des Algériens, Me Ksentini a répondu qu'“il faut respecter les gens qui ont des convictions religieuses, même extrémistes, pour peu qu'ils les pratiquent avec une certaine discrétion”. Souhila H.