La cimenterie de Raïs Hamidou d'Alger, Société des ciments algérois, renaît peut à peu de sa torpeur. La catastrophe du 10 novembre 2001 l'avait ensevelie sous 350.000 tonnes de boue. «Nous n'avons commencé les travaux de déblaiement que le 17 novembre 2001, les voies de communication étant fermées et nos engins ont été utilisés par la commune», indique le directeur de la cimenterie, M.Tiar Zoubir. Les travaux se concentrent maintenant sur les sous-sols et les galeries de câbles. Mais la phase la plus importante reste la maintenance qui mobilise les travailleurs de cette unité. De grosses commandes ont été passées à l'étranger pour l'acquisition de matériel «stratégique» comme les armoires électroniques. «Nous devrions démarrer le four 2, pièce maîtresse de l'usine au mois de juin prochain, sauf imprévu technique», annonce M.Tiar qui explique que les commandes étrangères pour ce démarrage avoisinent les 704.000 euros. Un autre projet d'extension (automatisation notamment), qui devait se réaliser en février, a été retardé en raison de la difficile conjoncture créée par les inondations du 10 novembre. Ce projet culminait à hauteur de 800 millions de dinars et devait permettre d'accroître la production de 500 tonnes de ciment par jour à 900 tonnes. On l'aura deviné, tous ces travaux et chantiers ont requis des apports financiers importants. Lors de sa visite à cette usine, le ministre de l'Industrie et de la Restructuration, M.Abdelmadjid Menasra, quatre jours après la catastrophe, a recommandé l'association d'au- tres entreprises pour accélérer ces travaux ainsi que l'évaluation des dégâts pour que l'usine reprenne son activité dans les meilleurs délais. C'est ainsi que les cimenteries de plusieurs régions du pays ont dégagé des prêts au profit de cette unité sinistrée. Ce qui fut fait le lendemain, 15 novembre. Il s'agit de trois crédits à long terme et sans intérêt accordés par l'Entreprise régionale de la cimenterie-Est (50 millions de DA), l'Entreprise régionale de la cimenterie-Ouest (20 millions de DA) et l'Entreprise de Chlef (40 millions de DA), soit un total de 110 millions de dinars. C'est notamment grâce au prêt du Groupe des cimenteries que les salaires des 4.000 employés de Raïs Hamidou ont été assurés. «Les fournisseurs étrangers ont aussi fait preuve de solidarité en facilitant l'envoi des équipements par le procédé de la remise documentaire: délai court et paiements après réception», déclare le directeur de la cimenterie. Les assurances, pour leur part, ont versé 100 millions de dinars pour l'instant en attendant la finalisation des expertises. Mais en dépit de ces apports financiers, la cimenterie de Raïs Hamidou ne peut éviter le découvert bancaire. «Nous avons besoin d'un apport spécial du gouvernement», lance M.Tiar en ajoutant que les autorités n'ont pas cessé d'insister sur la nécessité de redémarrer l'entreprise, «alors que nous n'avons rien vu de concret !»