Cette option est «la plus privilégiée des avocats». Ces derniers devront statuer bientôt, au cours d'une assemblée générale extraordinaire. La tension monte encore chez les robes noires. Le ministère oppose une fin de non-recevoir aux doléances des avocats et tourne le dos à la décision de grève prise pour le 10 du mois courant. C'est ce qui ressort des déclarations faites, hier, à L'Expression, par Abdelmadjid Silini, bâtonnier et président de l'Union nationale des barreaux d'Algérie. Le différend apparaît aigu sur le projet de réforme de la justice, mais surtout sur la situation des droits de la défense en Algérie. Le point de presse du bâtonnier, tenu le 29 mai dernier dans l'enceinte du palais de justice d'Alger, a constitué une véritable incursion sur des pratiques graves qui rappellent des temps révolus. Les robes noires ont sollicité aussi l'intervention et l'arbitrage du premier magistrat du pays. Depuis cette sortie médiatique, c'est le silence religieux chez les responsables du ministère de la Justice. Le conflit, opposant les avocats à la première instance judiciaire du pays, a bel et bien pris une ride. Car la grogne de la famille de la défense ne date pas d'aujourd'hui. Contacté, hier, par nos soins, Abdelmadjid Silini craint un débordement sur une grève illimitée, si aucune réponse n'est donnée aux réclamations de la famille des avocats. Cette option est «la plus privilégiée des avocats qui sont toujours dans l'attente d'une prise en charge», fera savoir le délégué des robes noires. En tout cas, juste après la journée du débrayage, annoncée pour le 10 juin, les avocats se réuniront en assemblée générale extraordinaire afin de débattre des suites à donner à leur action. C'est ce que nous a fait savoir le bâtonnier, soulignant que les décisions à prendre vont dans la droite ligne d'une grève illimitée. C'est une supposition qui a l'allure d'une ultime mise en garde. En général, les robes noires dénoncent «les dérapages de ceux qui dirigent la justice». Autrement dit, «la déformation et le massacre de la Justice». Dans les détails, 39 avocats sont poursuivis «illégalement» en justice, «des greffiers sont instruits à ne plus recevoir et fournir des renseignements aux avocats au niveau des chambres et des sessions» et une «volonté de rétrécir et marginaliser les droits des avocats». Ces «dérapages», pour ne citer que ceux-ci, révélés par Abdelmadjid Silini, le 29 mai dernier, sont toujours en suspens. Chose qui aggrave la situation et fait monter encore l'adrénaline des avocats. Le blocage se pose au niveau du ministère, à en croire notre interlocuteur. Car, le président de la cour, ainsi que le procureur de la République tentent de leur coté de trouver une issue à la crise, précise le président de l'Union nationale des barreaux d'Algérie. En tout cas, le mot d'ordre de la grève du 10 juin ainsi que le boycott de la session criminelle à Alger sont maintenus, en attendant les résultats de l'AG prévue au lendemain de la grève. Signe de solidarité: le Snpsp soutient le mouvement de grève du syndicat des avocats. Dans un communiqué adressé, hier, à notre rédaction, signé par le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique, les blouses blanches apportent un soutien «indéfectible» à l'action de protestation des avocats. Rappelons dans la foulée que le mouvement de grève décidé par les praticiens de la santé publique a été annulé par la chambre administrative du tribunal de Sidi M'Hamed. Cela, lit-on dans le communiqué, est en adéquation avec les raisons du mot d'ordre de grève lancé par les avocats. En d'autres termes, «le droit à la défense nous a été tout bonnement refusé». Les temps sont rudes. Les syndicats autonomes, «méprisés» par un Tayeb Louh, désormais député, continuent de mobiliser les troupes. Sur un autre front, l'Ugta continue de «rassembler» ses fédérations autour d'un pacte national économique et social en demi-teinte. Autrement dit, sur une «paix sociale» masquée, née de l'accord de septembre 2006 signé par le patronat, l'Ugta et le gouvernement.