Les prérogatives des15 ministres élus lors des dernières législatives ont été redistribuées. Le suspense est terminé. Le chef du Gouvernement a présenté hier sa démission au président Bouteflika qui l'a acceptée. Abdelaziz Belkhadem, en compagnie des ministres non candidats aux dernières législatives, sont chargés d'expédier les affaires courantes. Jeudi, lors de l'installation de la nouvelle APN, les quinze membres du gouvernement élus le 17 mai dans leurs circonscriptions respectives étaient présents à l'hémicycle pour répondre à l'appel nominatif exigé par la procédure de validation de mandat. En étrennant leur nouvel habit de députés de la nation, ils perdaient de facto leur qualité de ministre. Car au nom du sacro-saint principe de séparation des pouvoirs, cher aux constitutionnalistes, ils ne peuvent en aucun cas cumuler un mandat de député et une charge de ministre. “Ils ne peuvent pas avoir un pied dans le législatif et un autre dans l'Exécutif, car cela reviendrait à être à la fois juge et partie”, nous expliquait hier un professeur de droit constitutionnel qui s'est d'ailleurs étonné des “prolongations” que le gouvernement a joué. Jeudi, des ministres approchés dans les travées de l'Assemblée assuraient que la démission du gouvernement devait intervenir à neuf heures, donc avant la cérémonie d'installation de la nouvelle APN. Ce qui aurait été plus logique. Cette démission n'ayant pas eu lieu, on s'est retrouvé du coup, tout au long du week-end, dans une situation baroque de mélange des genres à l'algérienne. Visiblement, il y a un cafouillage au sommet s'agissant du sort de l'Exécutif. Petit flash-back pour rappeler que Belkhadem, lors de sa conférence de presse, en marge de garden-party organisée samedi 19 mai en l'honneur des députés frais émoulus, avait clairement indiqué que le gouvernement démissionnerait à “la fin de la semaine”. La fin de semaine, c'était au plus tard le jeudi 24 ou le vendredi 25 mai. Certains organes de presse ont soutenu mordicus que Abdelaziz Belkhadem attendait juste la fin de la visite du chef de l'Etat à Chlef pour aller à El-Mouradia lui présenter sa démission. Le chassé-croisé des dates, signe d'une cacophonie, montre à l'évidence que les choses ne sont pas encore tranchées s'agissant du la formation du nouveau gouvernement, qui joue véritablement les prolongations, alors que, paradoxalement, les observateurs le donnait pour fini depuis des mois. Ce sursis est d'autant plus incompréhensible que le président lui-même s'est plaint à maintes reprises du manque d'efficacité de certains ministres. Avec la démission hier de Abdelaziz Belkhadem et l'attribution à titre intérimaire des prérogatives des ministres élus députés, le président Bouteflika aura ainsi mis fin à une situation contradictoire. Désormais c'est un cabinet restreint, constitué de ministres non candidats à la députation qui seront chargés d'expédier les affaires courantes. La question reste de savoir si Abdelaziz Belkhadem sera chargé par le président Bouteflika de former le prochain Gouvernement. N. S.