A l'occasion de l'organisation, aujourd'hui à Perpignan, d'un rassemblement en «hommage» à l'OAS, des ONG françaises s'insurgent. Le dossier OAS refait surface. Il est même un objet de polémique en Hexagone. Depuis la fameuse lettre adressée par Nicolas Sarkozy, en pleine campagne électorale comptant pour la présidentielle française, aux «anciens» de l'OAS, cette question sensible continue d'exacerber les tensions. Encore une fois, et à l'occasion de l'organisation, aujourd'hui, à Perpignan d'un rassemblement en «hommage» à l'OAS, des ONG françaises s'insurgent. Un collectif d'associations, dont la Ligue française des droits de l'homme(LDH) et le Mouvement pour l'amitié entre les peuples et contre le racisme (Mrap) considèrent que cet «hommage aux criminels de l'OAS est inadmissible et dangereux». Aussi, et pour barrer la route aux «revanchards», ces organisations appellent à une contre-manifestation le même jour à Perpignan «pour refuser qu'une telle cérémonie puisse se dérouler dans un espace public» où une stèle à la gloire des criminels est érigée. Alors que les «cicatrices» de la loi du 23 février demeurent indélébiles, c'est un autre épisode du colonialisme qui ressurgit. D'après les ONG contestatrices, «le monument que (l'on) s'apprête à ériger peut apparaître comme une apologie de ces crimes...». C'est dans cet esprit que la LDH a adressé aux autorités locales et régionales une lettre de contestation. Il y est clairement mentionné que «ce genre de manifestations à la gloire d'individus qui ont commis des crimes contre l'humanité en Algérie et en France, est inadmissible et dangereux non seulement pour le devoir de mémoire mais aussi pour les valeurs de la République», estime l'historien Gilles Manceron, vice-président de la LDH. L'historien s'est indigné de l'impunité dont bénéficient les tenants de cette idéologie d'un autre temps mais qui revient régulièrement sur la scène publique pour alimenter leur lobbying politique à des fins électorales ou pour des privilèges personnels. Il citera aussi l'article 13 qui a prévu l'indemnisation des criminels de l'OAS qui étaient en exil (entre 1962 et la loi française d'amnistie du 31 juillet 1968). Et à l'historien de conclure que «le révisionnisme avéré sur la question coloniale» donne «ainsi l'occasion à un courant d'opinions qui ne s'est pas encore affranchi des vieilles querelles, des vieilles nostalgies et des vieux ressassements, de trouver auprès du citoyen français ordinaire un écho favorable à la rancoeur» Pour sa part, le président du Mrap, M.Mouloud Aounit, candidat aux législatives pour la région parisienne, considère que la question coloniale «n'est pas totalement affranchie du débat passionnel dans lequel le politique domine», ajoutant que l'hommage de Perpignan «est une insulte et une offense à la mémoire des victimes, notamment algériennes». Il s'est dit indigné par ces procédures qui «réveillent les douleurs sur la base de la haine». Selon des historiens français, le nombre total de victimes de l'OAS s'élèverait en France à 71 morts et 394 blessés. En Algérie, 2200 morts au moins au total. Pour la période allant jusqu'à avril 1962, on compterait 12.999 explosions au plastic, 2546 attentats individuels et 510 attentats collectifs. A noter que la déclaration de M.Nicolas Sarkozy concernant l'OAS n'a pas manqué de susciter des réactions, aussi bien en Algérie qu'en France. En effet, outre le courroux qu'elle a suscité parmi différentes associations, cette déclaration n'est pas sans faire réagir Abdelaziz Belkhadem qui accuse Nicolas Sarkozy de vouloir réhabiliter l'OAS.