Les partis politiques sont divisés sur le thème de la révision de la Constitution. Chacun y va de sa propre analyse. Divergences de forme et de fond. Le référendum sur l'amendement de la Constitution, qui a fait jaser la classe politique durant des mois, ne fait plus l'actualité. Même le FLN qui a pourtant annoncé qu'il avait concocté une mouture qu'il a d'ailleurs adressée au président de la République, n'en fait plus sa tasse de thé. Les législatives et leur taux historique d'abstention ont refroidi l'ardeur des uns et des autres. Du coup, on donne l'impression que le sujet n'est plus une priorité. Les partis politiques se focalisent sur le rendez-vous des locales. D'ailleurs, l'éventualité d'un tel référendum n'est pas inscrite dans la loi de finances. Ce qui fait dire au MSP qu'il y a peu de chance de voir ce suffrage inscrit dans l'agenda de fin d'année. En abordant le sujet, M.Saïdi qui parle au nom de son parti, va plus loin encore en affirmant que «si référendum il y a, cela doit porter sur la révision globale de cette Constitution qui semble être, dans plusieurs cas de figure, dépassée par les évolutions survenues sur la scène politique». Pour le MSP, «il s'agit, certes, des prérogatives du président de la République, mais il est préférable que les changements soient portés sur le fond et non pas sur des détails.» M.Saïdi cite, entre autres, l'équilibre des pouvoirs. Ce qui laisse apparaître que le mouvement islamiste «n'est pas partisan d'un régime présidentiel fort avec le poste de vice-président et tient à rappeler, à l'occasion, que son parti ne fait pas de cette révision de la Constitution une priorité». Tout en soutenant qu'«il ne s'oppose pas à cette éventualité si le président prend la décision de lancer le référendum en question». Les deux autres partis de l'Alliance, le RND et le FLN, ont de tout temps montré leur allégeance à la ligne de conduite du président et ne s'opposent pas, de fait, à une quelconque initiative du genre. La vision du FFS qui a boycotté, faut-il le rappeler, les dernières élections législatives, par contre, est plus tranchée. Son premier secrétaire national, Karim Tabbou, pense que «la question de la Constitution est au coeur de la problématique politique dans notre pays. Allons-nous, encore, vers une Constitution imposée par le pouvoir ou vers une Constitution qui soit l'émanation de la volonté populaire?» Une interrogation qui sort des sentiers battus et qui a la pertinence de placer le débat à un cran au-dessus de la mêlée actuelle qui fait des échéances électorales de simples rendez-vous populaires inscrits dans l'agenda politique du pays. Tabbou qui prône un discours très critique, «refuse que l'enjeu de cette révision soit la régulation des relations au sein des centres du pouvoir.» Et relate l'histoire des expériences des révisions de la Constitution pour retenir que «les Constitutions du pays ont été de tout temps imposées, partant de celle de 1963 jusqu'à celle de 1995, qui n'ont pas, de loin, protégé leurs initiateurs d'un coup de force». Au sein du FFS, on s'interroge encore «si le pouvoir est décidé ou non à soumettre le débat à la société ou alors se contentera-t-il, encore une fois, de bricoler la Constitution en cours d'exercice. Cette situation est directement liée à la dissidence électorale du 17 mai dernier». Des propos acides, certes, mais qui militent pour l'ouverture de débats profonds à la hauteur des défis actuels et des blocages constatés à tous les niveaux des institutions de l'Etat. Dans la ligne de conduite du FFS, les revendications n'ont pas tellement changé depuis des années. La position du RCD est tout aussi tranchée. Son chargé de la communication, M.Bellabès affirme que «la question n'est pas une priorité» au sein du parti et qu' «il faut d'abord appliquer et respecter celle qui est en cours avant de penser à changer quoi que ce soit». Le porte-parole du Rassemblement pour la culture et la démocratie relève qu'«on a assisté à la violation de la Constitution à trois reprises», allusion faite «aux retards accusés dans les délais d'installation de l'APN, de la démission de l'ancien Exécutif et de la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel». Très critique à l'égard de la démarche actuelle prônée dans la gestion des échéances électorales, M.Bellabès s'attend à une autre atteinte à la Constitution qui précise les délais de déroulement des élections locales. «Le corps électoral doit être convoqué trois mois avant la tenue du scrutin qui ne doit pas dépasser les trois mois qui font suite à l'expiration du mandat des APC et APW», ce qui donne l'impression à la direction du RCD «que rien n'est encore clair et qu'il n'y a pas assez de visibilité dans l'action politique du pouvoir». Enfin, notre interlocuteur pense que «les objectifs de cette éventuelle révision de la Constitution ne sont pas clairement établis».